Le mensonge de Martine Aubry sur l'âge de départ à la retraite
Par proteos le 14 octobre 2010, 22:50 - Politique - Lien permanent
Ce soir dans l'émission À vous de juger de France 2, vers 21 heures, Martine Aubry a répondu à Nicolas Beytout qui l'interrogeait qu'il était faux que le deuxième rapport du COR de 2010 affirmait que 63% des français émargeant au régime général des retraites liquidaient leur retraite à l'âge de 60 ans et avant. Elle ajoutait que c'était là reprendre à l'identique les positions du gouvernement et que l'âge moyen de départ était en fait bien plus élevé (61.6 ans), ceci dans le but de discréditer le plan du gouvernement visant à ce qu'on ne puisse plus, selon la règle générale, liquider ses droits avant 62 ans. Malheureusement pour elle, on peut lire page 27 dudit rapport:
Au régime général, l’âge effectif moyen de départ à la retraite augmenterait de 61,8 ans en 2009 à 62,5 ans en 2050 pour les femmes et de 61,4 ans en 2009 à 63,1 ans en 2050 pour les hommes. Tous sexes confondus, il augmenterait ainsi de 61,6 ans en 2009 à 62,8 ans en 2050. Ces âges moyens masquent l’existence d’une assez grande dispersion des âges effectifs de départ, avec une concentration des départs autour des âges légaux de 60 et 65 ans : ainsi, en 2009, 63% des départs se font à l’âge de 60 ans (ou avant) et 17% à 65 ans; en 2050, ces proportions seraient dans les projections respectivement de 38 % et 36 %.
Si, en effet, l'âge moyen de départ à la retraite est bien supérieur à 60 ans, c'est une réalité que de signaler que presque les deux tiers des salariés du privé liquident leur retraite à l'âge légal ou avant. Comme il est difficile de croire que Martine Aubry, titulaire d'une licence de sciences économiques, puisse ignorer la différence entre une moyenne et une médiane, il ne reste plus que le mensonge éhonté. Et comme elle précise au même moment que l'âge de cessation d'activité est de moins de 60 ans (59.1 ans), son objectif est clair: faire comprendre que le problème, c'est le chômage des vieux et non l'âge de butée de 60 ans puisque le départ a lieu en moyenne plus tard. Mais si on regarde de l'autre façon, il s'agit d'une arnaque intellectuelle. Presque les deux tiers des salariés du privés partent en retraite à l'âge de référence ou avant, qui agit comme une sorte d'horizon fini. À ce moment-là, le fait qu'on puisse être indemnisé par l'assurance chômage permet de trouver un accord avec son employeur pour un départ anticipé ou, tout simplement, d'arriver jusqu'à la retraite sans trop se poser de question puisqu'il y a objectivement peu de chances qu'un employeur embauche quelqu'un qui s'en ira bientôt et dont les prétentions salariales sont supérieures aux plus jeunes. Si le deuxième comportement est celui qu'on attend de l'assurance chômage, le premier est un comportement de passager clandestin, malheureusement inévitable.
Reste qu'il est toujours affligeant de constater que des responsables politiques, même avec une réputation de sérieux et de compétence, se vautrent dans le maquillage de la réalité voire le mensonge pur et simple pour faire passer leurs idées et s'abstenir d'expliquer la réalité telle qu'elle est.
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