Le 16 décembre, le gouvernement japonais a annoncé que la centrale de Fukushima Daiichi était en «arrêt à froid». L'eau à l'intérieur du réacteur est à moins de 100°C depuis septembre dernier, mais les problèmes techniques dans le traitement de l'eau et, certainement aussi, la prudence du gouvernement japonais ont retardé l'annonce officielle. Les rejets à l'extérieur de la centrale seront à l'avenir minimes; à partir de maintenant, il s'agira surtout de commencer à démolir la centrale, ce qui prendra du temps: à 3-Mile Island, on avait attendu 6 ans avant de récupérer la charge d'uranium qui avait partiellement fondu.

Dans la foulée, le gouvernement japonais a annoncé des modifications importantes pour les zones d'évacuation. Dorénavant, les zones ne seraient pas principalement basées sur la distance à la centrale, mais sur l'importance de la radioactivité. Les zones où la dose est inférieure à 20mSv/an seront habitables immédiatement, celles où elle est de moins de 50mSv/an devront subir des travaux de décontamination, celles où elle est supérieure à 50mSv/an resteront inhabitées. Des mesures de radioactivité ont été régulièrement effectuées, ce qui a permis l'élaboration d'une carte (si vous tombez sur une page semblant expliquer les précautions à prendre, après l'avoir lue attentivement, vous signifierez votre accord en cliquant, en bas de la page, sur le bouton de gauche marqué 同意する — «d'accord»).

La carte donne le débit de dose horaire, avec des intervalles donnés dans le cartouche à droite. On peut voir sur cette carte que les retombées sont concentrées sur un panache orienté vers le nord-ouest, une zone relativement peu peuplée, puisqu'il s'agit essentiellement de la chaîne de montagnes côtière. Il n'y a pas de données présentées pour les 10 premiers km autour de la centrale, mais on peut supposer que les retombées — et donc la radioactivité — y sont importantes et qu'elle sera pour la majeure partie inclue dans la zone inhabitée.

Pour effectuer son décompte de dose annuelle, le gouvernement japonais compte sur une personne qui passe 8h à l'extérieur, où le débit de dose est celui donné par les couleurs de la légende à droite et 16h à l'intérieur, où le débit est estimé à 40% de celui à l'extérieur. C'est ainsi qu'un débit de dose de 1µSv/h donne environ 5mSv/an. C'est ainsi que toutes les zones en nuances de bleu ou de vert pourront être réoccupées assez rapidement, la partie en jaune devant faire l'objet de travaux.

En regardant, les communes évacuées, on peut constater que les 3 communes les plus proches de la centrales (Futaba, Okuma et Namie) comptaient environ 40k habitants avant le séisme, que les communes dans la zone qui doit subir des travaux (Iitate, Katsurao, Tomioka) comptaient 20k habitants. À terme, ce sont donc la moitié des 80k évacués qui vont pouvoir revenir s'ils en ont le désir.

Quant aux personnes travaillant à la centrale, environ 100 personnes ont dépassé le seuil des 100mSv et 6 celui des 250mSv, les décès prévisibles de ce fait sont donc limités à quelques unités. Il n'y a pas eu d'autres décès liés à l'accident autres que les 2 noyades causées par le tsunami. Du fait de la distribution de pastilles d'iode et de la faible consommation de lait au Japon, les conséquences parmi la population seront limitées à l'évacuation.

Ainsi, on peut dire que l'accident nucléaire de Fukushima montre que l'industrie nucléaire ne présente pas un grand risque sanitaire pour les populations: les décès à prévoir sont minimes. Par contre, les mesures de précaution sont contraignantes et onéreuses avec l'évacuation, même temporaire, de dizaines de milliers de personnes en cas d'accident grave. Les dégâts économiques sont graves: les réacteurs sont chers à construire, un accident rend inutilisable celui qui en est victime et empêche au surplus de réutiliser le terrain pendant plusieurs dizaines d'années.