Ce mardi 12 janvier, des articles sont parus dans la presse pour annoncer un débat sur la vaccination obligatoire (Le Monde, Le Figaro). Cela fait suite à une baisse du taux de vaccination pour certaines affections alors que pour être pleinement efficace des taux de vaccination de l'ordre de 90% sont souvent nécessaires. L'article du Figaro mentionne ainsi que seuls 73% des nourrissons de 24 mois sont vaccinés contre la rougeole et que le taux parmi les moins de 30 ans est de 93% alors qu'un taux de 95% est estimé nécessaire pour protéger complètement la population.

L'article du Monde montre que la presse n'est peut-être pas pour rien dans la progression des théories fumeuses des anti-vaccins: il est très sérieusement dit que satisfaire à l'obligation vaccinale seule est impossible du fait de l'absence d'un vaccin trivalent. C'est bien sûr faux: pour satisfaire à l'obligation vaccinale, il suffit à un docteur de commander auprès de Sanofi un kit de 2 vaccins. Malgré les pénuries dues aux avanies de productions et à des épidémies qui se sont déclenchées suite à une baisse du taux de vaccination, des ruptures de stock ont eu lieu, mais il a toujours été possible de satisfaire à l'obligation vaccinale seule. De plus le kit de 2 vaccins est fourni gratuitement! Ce qui n'est pas possible est de disposer du confort de ne faire qu'une seule injection. On voit donc que Le Monde reprend sans les démentir les allégations de dangereux activistes. On peut aussi remarquer que la presse n'est pas pour rien dans la défiance qui s'est installée à propos du vaccin contre l'hépatite B: si les allégations sur un lien entre sclérose en plaque et ce vaccin ont bien été relayées, depuis qu'elles ont été infirmées — c'est à dire presque immédiatement — la confirmation du bénéfice apporté n'a pas fait l'objet de beaucoup d'attention.

On y lit aussi les propos renversants d'une député socialiste, auteur d'un rapport sur le sujet il y a peu:

« En cas de levée de l’obligation, il faudrait faire attention au message envoyé, trouver dans la langue française l’équivalent de “mandatory” en anglais, un terme qui voudrait dire “faites-le parce que c’est bon pour votre santé” »

Le problème, c'est qu'il suffit d'ouvrir un dictionnaire anglais-français pour s'apercevoir que mandatory se traduit par obligatoire! Bref, il est sidérant d'organiser un débat dont on laisse entendre qu'une issue possible est la fin de l'obligation vaccinale. Les propos de la député montrent un égarement certain: si la vaccination est obligatoire, c'est aussi parce qu'elle protège l'ensemble de la population et que des comportements de passagers clandestins peuvent miner son efficacité. Finasser en cherchant des termes nouveaux ne fait qu'insinuer l'idée que, finalement, ne pas faire vacciner ses enfants n'est pas si grave et qu'on peut s'en dispenser. Même la ministre Marisol Touraine le dit (cf l'article du Figaro): si l'obligation vaccinale est supprimée, le message envoyé est que c'est facultatif! En conséquence, le taux de vaccination ne pourra que baisser de ce fait.

Au fond, il n'y a guère que 2 issues à ce débat: soit l'obligation vaccinale est étendue — probablement au vaccin hexavalent — soit elle est maintenue en l'état. Ce qui doit décider de quel côté penche la balance est la dangerosité des maladies combattues ainsi que leur aspect contagieux. Au vu de la dangerosité de la rougeole, je pense qu'il est temps que la vaccination ROR devienne obligatoire, au minimum.

Mais qu'il soit jugé nécessaire d'organiser un tel débat est le signe du recul de la raison et du discours scientifique parmi la population, et surtout parmi la population dotée d'un certain niveau d'éducation. Malheureusement, cela s'accorde bien avec les réactions sur d'autres domaines, comme les ondes électro-magnétiques ou encore les OGMs. Le consensus scientifique sur leur innocuité y est souvent présenté comme une hypothèse surannée, les théories du complot comme crédibles si ce n'est comme étant la vérité.