Un an après que le séisme exceptionnel de magnitude 9 et le tsunami qui l'a suivi ont frappé la côte nord du Japon, les commémorations sont l'occasion de faire un bilan pour les médias de par le monde.

Sur un site spécialisé dans le sujet, une mise à jour du bilan nous apprend que le séisme et le tsunami ont fait 19000 morts et disparus. Un graphique montre l'évolution des bilans; après une augmentation rapide dans les premiers jours, la diminution du nombre de disparus, non compensée par la découverte de cadavres a conduit à réviser les estimations à un niveau bien plus bas que les presque 30000 morts initialement craints. En fait, le tsunami est responsable de l'écrasante majorité des décès: plus de 94%! Un des premiers facteurs explicatifs de décès est l'âge: plus de 75% des morts avaient plus de 50 ans, 56% plus de 65 ans. Fatalement, quand on regarde la carte de répartition des morts, on voit qu'ils sont tous ou presque sur la côte, mais sont relativement étalés. Le tsunami a frappé la côte sur plus de 200km. Sur le terrain, la dévastation due au tsunami est impressionnante, on peut en voir un exemple sur cette vidéo d'Onagawa avec des bâtiments en béton renversés et un brise-lame à l'entrée de la baie qui a disparu, sous l'effet d'une vague de presque 15m.

Les dégâts matériels sont répartis de façon plus dispersée. Les dommages s'étendent plus à l'intérieur des terres et jusqu'à Tokyo au sud. Cependant, les dégâts sont moins définitifs à l'intérieur des terres que sur la côte, le tableau de répartition entre les différentes catégories montre qu'il y a proportionnellement bien plus de bâtiments détruits qu'endommagés là où le tsunami a frappé. Au total, 400k bâtiments sont détruits et au total 1.2M ont été suffisamment endommagés pour être répertoriés. Pour les bâtiments, on constate quand même que les dommages sont plus équilibrés entre secousse et tsunami, une partie des bâtiments endommagée étant condamnée à la destruction. Il y a en conséquence de nombreux déplacés, environ 320000, dont la moitié environ est apparemment due à la catastrophe de Fukushima.

Ces destructions se traduisent par un bilan économique: les conséquences directes sont estimées à plus de 300G$ et les indirectes à plus de 550G$. Ces bilans incluent la catastrophe de Fukushima qui apparemment représente environ 20% des dégâts économiques.

Pour la catastrophe de Fukushima, il se confirme de plus en plus que les dégâts y sont essentiellement matériels. Le blog {sciences²} de Libération en donne avec sa série un bon aperçu. Il part d'une présentation de l'IRSN où on voit que la radioactivité due aux rejets a été divisée par 5 dans les 3 premiers mois, la décroissance se poursuivra plus lentement, le césium 134 ayant une demi-vie de 2 ans, le césium 137 de 30 ans, laissant certaines zones significativement contaminées. Mais personne n'a été exposé à une dose mortelle, et seuls une centaine de travailleurs ont reçu une dose supérieure à 100mSv, à partir de laquelle des effets commencent à être notés sur le long terme. L'expert de l'IRSN admet que l'essentiel des dommages humains est l'évacuation: une catastrophe nucléaire ne se représente pas nécessairement par un nombre de morts mais par l’évacuation brutale et l’abandon de territoires. La presse anglo-saxonne est parfois la plus directe: les radiations ne sont pas le problème n°1. Et c'est sans doute ce qui a amené l'association des casseurs d'atomes à publier une vidéo où des chercheurs donnent leur sentiment, très positifs du point de vue radiologique. Techniquement, on s'est aussi aperçu que la centrale n'avait pas certains dispositifs qui auraient permis d'amoindrir les dégâts et a ignoré les avertissements de l'AIEA. Les réacteurs plus récents ont, eux, survécu au tsunami. Cela montre que le risque est maîtrisable et c'est pourquoi l'industrie nucléaire est loin d'être morte. Mais cela n'empêche évidemment pas les anti-nucléaires de soigneusement éviter de parler du bilan dans leurs éditoriaux.

Au final, le séisme du Tohoku a montré que les plus grosses catastrophes pouvant toucher l'homme sont toujours les catastrophes naturelles. Les catastrophes causées par la main de l'homme sont en général de moindre importance et, au contraire, la technique lui permet d'engranger d'énormes gains de confort et de durée de vie. Le bilan est limité à moins de 20000 morts grâce en partie aux normes anti-sismiques japonaises et les accidents nucléaires ont bien peu d'effets comparés aux alternatives.