Dans son programme, François Hollande a annoncé qu'il créera 60000 emplois dans l'Éducation Nationale ainsi que 5000 dans la police, la gendarmerie et la justice. Mais dans le même temps, il a annoncé que le nombre de fonctionnaire resterait stable. Maintenant que les législatives sont passées, les projets du gouvernement commencent à prendre forme et à fuiter, ce qui amène des articles sur la manière de concilier ces deux objectifs. Il serait donc question qu'en dehors des ministères où on embaucherait, il faudrait ne pas remplacer 2 fonctionnaires sur 3 partant en retraite.

Comme les lois de finances incluent toujours un état des effectifs et des plafonds d'emplois ventilés par missions, on peut essayer de savoir si l'ordre de grandeur est le bon. Dans le rapport sur la loi de finances pour 2012, on trouve un développement consacré à la politique du précédent gouvernement, le non remplacement d'un départ sur deux pour tous les ministères ou presque. On y lit qu'à périmètre constant, le plafond global descendra d'environ 30500 équivalent temps pleins: par rapport au graphe de l'article du Figaro, on voit que déjà les effets des départs à la retraites diminuent, ce qui n'est déjà pas de très bon augure.

On y trouve aussi un tableau détaillant les plafonds d'emplois par mission. Il permet d'avoir une idée de la répartition des effectifs, elle est représentée ci-dessous: Répartition des effectifs de l'état en 2012 On voit donc que les ministères qui vont embaucher représentent déjà les 2/3 des effectifs de l'état. Si on fait l'hypothèse que le nombre de départs à la retraite sera constant chaque année et que le taux d'érosion pour les ministères qui subiront les coupes est le taux d'érosion global, on arrive à une estimation de 100k départs à la retraite dans les 5 ans à venir pour lesquels on peut faire jouer la politique de non-remplacement. Comme il va y avoir 65k embauches par ailleurs, il faudra donc ne pas remplacer 2 départs sur 3. En plus, le nombre de départs tend à baisser!

On peut se dire aussi que les ministères où on embauchera ont des fonctions de support, des gens qui ne sont pas présents directement au contact du public et qu'on peut alors traiter ces fonctions d'arrière-boutique de la même façon que les ministères non favorisés. On ne connaît pas pour la police et la gendarmerie les effectifs employés à de telles tâches. Par contre, on le sait pour l'éducation nationale et la justice; le total se monte à environ 26k emplois. Mais de l'autre côté, il y a des mission qui échapperont sans doute à la règle commune: l'enseignement supérieur et la mission qui regroupe la Cour des Comptes et le Conseil d'État. On trouve là un peu moins de 27k emplois. Les deux se compensent donc.

Interrogé sur le sujet à Rio en marge d'un sommet dont il n'est rien sorti, comme prévu, le Président de la République, François Hollande, a jugé que l'hypothèse du non remplacement de 2 fonctionnaires sur 3 pour les missions hors éducation, justice et police était invraisemblable et que si c'était le cas, (il) en aurai(t) été informé tout de même. Le lendemain matin, Michel Sapin confirmait à demi-mot. On ne dit visiblement pas tout à François Hollande. Et vue la difficulté qu'a eue le précédent gouvernement pour tenir le non-remplacement d'un départ sur deux, on peut parier que ce gouvernement n'aura pas la tâche facile et que l'issue la plus probable est l'échec sur ce plan.