Le débat national sur la transition énergétique ou les conquérants de l'inutile
Par proteos le 4 décembre 2012, 20:37 - Énergie - Lien permanent
Delphine Batho, ministre de l'écologie, etc., a lancé le fameux débat sur la transition énergétique jeudi dernier. Cela a donné lieu à une offensive médiatique, puisque deux membres du comité de pilotage ont donné des interviews. Bruno Rebelle, ancien directeur de Greenpeace en France, a été interrogé par un média internet et s'est épanché sur son blog. Laurence Tubiana, ancienne négociatrice pour la France sur les problèmes climatiques, a fait de même dans Le Monde. Quant à la ministre, Les Échos sont allés lui poser quelques questions; elle s'est aussi exprimée sur Europe 1. En réponse, deux vétérans de ce genre d'exercice, Jean-Marc Jeancovici et Arnaud Gossement, ont déjà donné le fond de leur pensée sur leurs sites web respectifs.
Le communiqué ministériel mentionne une charte que le comité de pilotage devra faire respecter. Et c'est là que les problèmes commencent: comme le débat n'a pas de site internet propre et que ladite charte ne figure nulle part sur le site du ministère — en tout cas, je ne l'y ai pas trouvée — il faut aller ailleurs pour en prendre connaissance. On y lit, entre autres, que tout citoyen peut contribuer au débat national sur la transition énergétique, que ce soit en participant aux débats décentralisés ou en s’exprimant sur le site internet dédié
: un lancement du site aurait sans doute été une bonne chose! On y lit aussi que l'organisation du débat est complexe avec moult comités, ce qui peut permettre au gouvernement de se livrer à un exercice de centralisme démocratique où il trouvera miraculeusement que ses idées sont partagées par une partie des comités.
Cette charte définit aussi les buts de ce débat. On s'aperçoit sans peine qu'il est déjà bien encadré par des décisions déjà prises et affichées comme irréversibles. Si toutes ces décisions étaient incontestables, comme celle de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, cela ne poserait pas de problème. Mais parmi ces décisions, il y a la réduction de la part du nucléaire dans la production électrique et la fermeture de Fessenheim qui vont dans une direction directement opposée à la décision précédente. La charte dit aussi que le débat doit contribuer à définir la façon la plus pertinente écologiquement, la plus efficace économiquement et la plus juste socialement, de la conduire pour atteindre l’objectif retenu pour 2025, et, au delà, mettre l’économie et plus globalement la société française sur une trajectoire cohérente avec les objectifs de 2050
. On ne peut que constater que tous ces objectifs ne sont pas forcément tous compatibles. Juste pour prendre un exemple, s'il s'agit de développer les énergies renouvelables, l'exemple allemand sur l'électricité montre qu'on voudra épargner l'effort aux grandes entreprises, mais qu'il tombera entièrement sur les particuliers et les petites entreprises. C'est sans nul doute efficace économiquement: les grandes entreprises énergivores sont très sensibles au prix de l'énergie. Mais par contre, ce n'est pas forcément juste socialement, surtout quand ça aboutit à faire subventionner ces grandes industries par des particuliers qui n'en peuvent mais!
On sent dans les réactions des 2 vétérans cités qu'ils sont un peu las et blasés. À les lire, il n'y a pas grand chose à attendre de ce débat, vu qu'un certain nombre de décisions dimensionnantes — idiotes ou pas — ont été déjà prises et que nombre de raouts du même genre ont eu lieu ces dernières années. On peut citer le Grenelle de l'Environnement, le rapport de la mission Énergies 2050, diverses missions de parlementaires, comme celle de l'OPECST sur le futur du nucléaire en France ou du sénat sur le prix de l'électricité, ou encore de très nombreux rapports publics, comme sur l'énergie dans les bâtiments ou la politique de soutien à l'éolien et au solaire photovoltaïque, les coûts du nucléaire, etc. Bref, ce n'est pas la documentation qui manque et on peut déjà, à mon sens, en retirer des choses sur la politique à mener. La lecture de ces document montre qu'on doit faire un très important effort d'économies d'énergie (isolation des bâtiments,…), d'efficacité énergétique et installer des moyens de production d'énergie décarbonée par ordre de prix et d'utilité. Un autre facteur de la lassitude des vétérans est sans doute que cette masse de documents n'a pas apaisé le débat sur les questions les plus passionnelles — le nucléaire au premier chef.
Malheureusement, on ne peut pas dire qu'on voit des signes positifs poindre à l'horizon sur aucun de ces fronts. Par exemple, Greenpeace a annoncé ne pas vouloir participer à ce débat tout comme Greenpeace avait refusé de participer à la mission Énergies 2050. Les interventions de la ministre laissent aussi penser que 6 mois au pouvoir n'ont pas suffi pour assimiler quelques idées ou encore des ordres de grandeur sur la question. C'est ainsi que l'interview aux Échos est titrée L'énergie est un levier de relance majeur
. Dans le corps de l'interview, cette phrase est accolée à L'éolien offshore créera aussi beaucoup d'emplois
, ce qui montre qu'elle n'a pas compris que l'énergie ne pouvait être un levier de relance que si elle était à un prix raisonnable. Sur Europe 1, elle a déclaré qu'il était possible de remplacer le nucléaire par des énergies renouvelables comme la biomasse, les hydroliennes, etc tout en abaissant les émissions de CO₂. Or, de fait, les ordres de grandeurs ne collent pas: les seuls scénarios où les émissions baissent quand même sont ceux où la consommation d'électricité baisse et où tout l'accent est mis sur des économies d'énergie, qui doivent couvrir à la fois baisse du nucléaire et réduction de la consommation des énergies fossiles. Comme on a déjà du mal, sauf crise économique, à réduire suffisamment vite la consommations de combustibles fossiles pour remplir l'objectif d'une division par 4 des émissions en 2050, la mission devient totalement impossible en réduisant la production du nucléaire. Dans leurs interviews Rebelle et Tubiana citent le modèle décentralisé où chacun serait producteur et consommateur, mais ce qu'on constate c'est que le développement du solaire et de l'éolien ont amené l'explosion du prix de l'électricité à cause du prix de ces énergies et au besoin de renforcer considérablement le réseau.
Le principal point positif que les 2 vétérans entrevoient, c'est que ce débat participe à l'information du public. Personnellement, je doute que ce soit ce débat améliore plus la situation que ce qui a déjà été fait en la matière. La plupart des gens n'ont pas le temps d'assimiler ne serait-ce qu'un résumé sommaire de toute la documentation accumulée sur le sujet. Ces grands débats publics ont pour caractéristique de passer inaperçus auprès du public. Quand ils accèdent à une certaine notoriété, ça peut être à cause d'une transformation en défouloir, comme pour le funeste débat sur l'identité nationale. Étant donné la complexité de la matière, j'ai assez peu confiance dans la presse pour informer les citoyens sur ce sujet! Par exemple, le chauffage électrique y est souvent décrit comme une gabegie, alors que les document du Bilan Carbone montrent qu'au contraire, le chauffage électrique est le mieux placé en termes d'émissions de CO₂. Pour ma part, je considère que ce débat souffre énormément des promesses inconsidérées de François Hollande, qui amènent à devoir courir un marathon en s'étant tiré une balle dans le pied au départ. Si on arrive simplement à éviter ou inverser des décisions calamiteuses, comme la diminution de la production nucléaire, le bilan de ce débat sera déjà bon!
Commentaires
Un des meilleurs outils que je connaisse pour informer le grand public et vulgariser les questions énergétiques de la manière la plus honnête et complète possible, c'est le livre «L'énergie durable – Pas que du Vent !» du britannique David MacKay. Son livre est tellement bien qu'il a reçu des louanges aussi bien d'écologistes que d'industriels de l'énergie dans son pays, et que son auteur a ensuite été nommé conseiller scientifique en chef du Ministère britannique de l'énergie et du changement climatique, poste qu'il occupe toujours malgré le changement de majorité qui a eu lieu en 2010.
A titre d'information, voici le 4ème de couverture du livre en français :
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Si vous vous êtes déjà demandé combien d’énergie nous utilisons et d’où elle vient - ou d’où elle pourrait venir - si vous en avez assez de tout ce « vent » autour de l’énergie et de « l’écoblanchiment », alors ce livre est fait pour vous !
Les ressources renouvelables sont immenses, mais notre consommation d’énergie est également énorme. Pour comparer des choses énormes les unes par rapport aux autres, nous avons besoin de chiffres, pas d’adjectifs.
Ce livre outrepasse toutes les déclarations contradictoires émanant des médias, du gouvernement et des lobbies. Il vous donne les chiffres et les faits dont vous avez besoin pour comprendre réellement tous les enjeux.
Si vous pensez qu’aucune solution n’est possible, alors lisez ce livre : vous y trouverez un discours honnête, à la fois réaliste et humoristique, présentant toutes les options énergétiques.
Cet ouvrage s’adresse non seulement aux étudiants et enseignants en développement durable et en écologie, mais aussi à tous ceux, politiques, journalistes, grand public, qui s’intéressent aux questions de développement durable, d’énergie et d’écologie.
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Et pour les curieux, l'intégralité du livre est aussi accessible gratuitement sur le Web, selon la volonté de l'auteur, sur http://www.amides.fr/sewtha (la version originale en anglais se trouvant sur le site de l'auteur www.withouthotair.com). David MacKay viendra d'ailleurs faire une conférence à Paris le 13 décembre prochain suite à la publication de son livre en français.
Effectivement, le livre (ou le site, c'est selon) de David McKay sont très bien, c'est pédagogique. Il y a aussi donné une conférence pour TED.
Mais en fait, la situation est pire que ce qu'il décrit. Il ne suffit pas d'additionner des énergies produites sur l'année pour qu'un système fonctionne. Si cette approche marche bien avec les combustibles classiques (bois, charbon, gaz, pétrole) qui sont au fond des stocks d'énergie qu'on peut utiliser quand on veut, ça ne marche pas vraiment comme ça pour l'électricité voire la chaleur. Mais les renouvelables comme l'éolien et le solaire sont juste des flux et pas du tout des stocks ce qui rend le problème diabolique si on veut que ces énergies dominent l'approvisionnement.
Oui, je suis d'accord, le problème du stockage est assez infernal. Mais si au moins les gens (et les décideurs !) avaient déjà une idée correcte des ordres de grandeur en jeu, au lieu de continuer à confondre 1 et 1 million, ça serait déjà un pas de géant. Et à ce moment-là, on pourrait leur montrer le problème du stockage, et leur faire vraiment comprendre la m... dans laquelle on est.
Pour la pédagogie, le sujet est certainement trop complexe pour le grand public.
Pour un public plus éclairé, Vaclav Smil est un excellent pédagogue. Je recommande l'excellent "Energy Myth and Realities: Bringing Science to the Energy Policy Debate" qui défait les grands récits modernes qui tournent autour de l'énergie dans le présent mais aussi dans le passé (ils sont souvent identiques et parfois professés par les mêmes personnes !)
Un petit avant-goût dans un article sceptique sur le énergies renouvelables :
http://www.vaclavsmil.com/wp-conten...
Je recommande aussi deux vidéos, deux conférences, longues mais instructives (à l'opposé de l'effet TED « sagesse en moins de cinq minutes »):
- Sur les transitions énergétiques (son grand truc) https://www.youtube.com/watch?v=ZyE...
- Sur l'état du monde, le futur, passionnant ! https://www.youtube.com/watch?v=678...
Le passage sur le captage de CO2 vaut à elle seule de la regarder.
HollyDays> Le titre de la traduction du livre de MacKay est une escroquerie. Ca me rappelle la traduction en français du rapport Meadows qui trahissait complètement son contenu ! Pourtant deux Suisses ont participé au projet, on ne pourra pas mettre ça sur le dos des hippies soixante huitards français.
Je ne suis pas à 100% sur ce sujet, mais j'aime bien le concept 08))
Dans la commission j'ai du mal à évaluer exactement la position de Tubiana, chargé de servir de "facilitatrice". J'ai déjà vu sur la campagne de Hollande que j'avais tendance à voir le verre à moitié plein et Proteos sur le même à sujet à moitié vide.
Dans son interview dans Le Monde, à coté de 2, 3 passage douteux, elle parle de la rente du gaz, pétrole, charbon, que les écologiste oublient immédiatement quand ils s'agit de diminuer le nucléaire. Et du budget énergie, des compensations en tant qu'aménagements de court terme, ce qui est très difficilement compatible avec un subventionnement massif des EnR.
Et même si c'est sur un mode interrogatif, "faut-il généraliser l'EPR" est une question qui ferait s'étrangler les écologistes. D'ailleurs à 8.5 Mrd d'€, ça serait objectivement très couteux.
Ma question à moi serait pourquoi une société qui ne maitrisait pas les techniques de bétonnage nécessaire a eu le dossier, et a tenté le passage en force, à répétition, avec des années de délais et des coûts multipliés par le nécessité de tout refaire, dernière péripétie refaire les consoles 2 ans après avoir déjà du refaire le reste, plutôt que d'investir préventivement les quelques centaines de millions qui auraient nécessaires pour acquérir la technique.
Au passage, je passe le lien d'une étude espagnole dont il serait miraculeux que le résultat alimente le débat français. J'avais entendu parlé du résultat, mais jamais vu l'original. Voilà, donc conclusion pour 4 emplois créés dans les ENR, le plan espagnol en aurait détruit 9 autres dans d'autres secteurs :
http://www.juandemariana.org/pdf/09...
Au passage sur le sujet de la fermeture de Fessenheim qui serait décidée, ça demande tout de même d'indemniser d'un coté le groupe allemand EnBW propriétaire de 17,5% des parts et d'un droit de tirage équivalent, et les suisses Alpiq, Axpo et BKW, qui ont eux 15%, soit au total 32,5%. Donc pas le choix, il faut passer à la caisse, le gouvernement ne peut pas juste imposer à EDF de le faire gratuitement.
Cf http://www.challenges.fr/entreprise...
Rouget,
Je trouve David McKay plus convaincant que Smil. Smil a par contre raison sur un point: avec le rythme actuel de construction de centrales au charbon en Chine, ce n'est pas la peine d'espérer quoique ce soit sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Je pense qu'il se trompe quand il dit qu'on ne peut pas convertir des systèmes globaux rapidement. C'est pourtant ce qui s'est passé en France; le vrai problème c'est qu'il y a des fenêtres d'opportunité à ne pas manquer. Un bon exemple, c'est la construction de centrales au charbon en Allemagne: pourquoi est-ce toujours possible alors qu'elles ont une durée de vie de 50 ans? La mise au rencart de nombreuses centrales au charbon en 2015 aurait dû être un prétexte à l'abandon de ce combustible.
jmdesp,
je reconnais que j'ai un côté Cassandre, surtout sur ce type de sujet. Mais franchement, je ne vois pas très bien où est la nouveauté quand on parle de rente versée à l'étranger pour payer les importations de combustibles fossiles: tout le monde est d'accord sur le sujet depuis les années 70! Par contre, c'est vrai que c'est une hérésie pour les Verts de dire que le nucléaire est un facteur de compétitivité. Il y a une véritable diversité dans les points de vue dans le comité de pilotage.
Mais pour moi, je le redis, amener sur le devant de la scène comme une hypothèse sérieuse à considérer pour les 15 ans qui viennent, l'idée que chacun peut être producteur d'énergie, c'est un chiffon rouge, le révélateur que la personne qui parle n'a pas regardé en détail le sujet. Alors même que tout est là pour montrer que c'est du flan: là où on développe le plus ces fameuses énergies décentralisées, c'est là où il faut le plus développer le réseau de transport à longue distance! La décentralisation n'est pas une idée totalement fausse, cela dit: la plupart de la fabrication de chaleur se fait localement, chez soi. Mais grâce à un réseau de transport national. Et quand c'est fait par un réseau de chaleur, c'est en fait une première centralisation de la production par rapport à l'existant: au lieu de produire chez soi, une usine produit pour tout une ville.
Et au fond, je vois mal de quoi on va débattre: quand on fixe les hypothèses dimensionnantes avant le débat, le contenu en est forcément diminué. Or ce débat-ci nous est annoncé comme fort général!
jmdesp,
Pour ce qui est de l'indemnisation, les Suisses sont certainement ceux qui vont donner le plus de fil à retordre. EnBW est la propriété du Land de Baden-Würtenberg, actuellement dirigé par les Verts, je ne pense donc pas que cette société soit la gêne principale.
Quant à l'étude espagnole, la méthode pour compte les emplois détruits est contestable: elle s'appuie sur l'intensité capitalistique de la production d'énergie renouvelable pour en déduire un nombre d'emplois détruits. À cette aune, toutes les activités capitalistiques détruisent des emplois. C'est faux! Et les emplois dans les industries capitalistiques sont souvent mieux payés que la moyenne, il y a donc aussi un effet de bord. Je préfère la façon de procéder de Rémy Prud'homme qui raisonne en terme d'inflation créée et de perte de pouvoir d'achat.
J'ai compté la référence à Rifkin, et ses scénarios basés sur le postulat que le stockage d'énergie n'est pas un problème fondamental, comme dans les passages douteux, on pourrait même utiliser un terme plus violent.
Pour les Espagnol effectivement, l'étude est finalement décevante, surtout le calcul 1. Toutefois si Prud'homme raisonne surtout du coté consommation, je pense qu'on peut aussi arriver à un résultat utile du coté production comme tentent de le faire les Espagnols. Mais il faudrait être beaucoup plus complet et mieux justifier le raisonnement économique.
Le principe du calcul 2, qui montre que pour un flux d'argent donné, l'économie espagnole crée normalement beaucoup plus d'emplois que ne l'a fait l'éolien, fait sens pour moi. Sauf que ! Il faudrait aussi démontrer ces emplois n'ont pas été 2,2 fois plus payés, ce qui par retombées pourrait créer les emplois manquants. Mais je crois que ça correspond assez bien à la réalité, il n'y pas beaucoup d'emplois très bien payé dans les EnR, et d'ailleurs aussi pas mal franchement dangereux dans le BTP (un point à ne pas négliger). D'ailleurs les auteurs ayant évalué dans l'ensemble de quel type sont les emplois, ils n'auraient pas eu énormément de travail complémentaire à faire pour évaluer aussi cela, c'est bien dommage que cela manque.
Pour le point 1 sur le capital investi, leur raisonnement est beaucoup plus douteux dans le sens que ce type de calcul n'a de sens qu'en intégrant la durée de vie de l'investissement et en calculant en fait la rentabilité sur l'investissement pendant la durée de vie complète. Un investissement qui est efficace dans ce sens peut effectivement toutefois donner lieu à une rente sous la forme de salaires élevées, qui auront quand même un effet positif sur l'économie par leur redistribution ensuite. C'est souvent le cas des industries capitalistiques, il me semble pour beaucoup du fait de la barrière à l'entrée et de la réduction de l'intensité de concurrence auquel elle mène.
Il reste, sur le principe, affirmer que devoir mobiliser un capital plus important pour une création de richesse donnée le soustrait au reste de l'économie et y détruit les emplois que le même capital aurait créé en étant investi ailleurs en tant que capital d'une société, n'est pas illogique. D'autant que je ne suis pas convaincu qu'oublier de prendre en compte la durée de vie fausse forcément énormément le résultat, car les 20 ans de l'éolien ne sont pas si exceptionnels pour un investissement industriel, et les frais de maintenance pas si négligeables (casse boite de vitesse très couteuse à réparer, nettoyage des pales indispensable pour maintenir l'efficacité).
Et en dehors de ce calcul, les infos page 34-35 sur les emplois matériellement perdus à cause des sociétés qui ont fuit l'Espagne pour la France à cause du coût de l'énergie sont aussi intéressantes.