Signé Furax: le diésel qui tue
Par proteos le 3 mars 2013, 20:31 - Pétrolages - Lien permanent
Le 1er mars dernier, la Cour des Comptes a publié un référé pour faire des remontrances au gouvernement sur la question des taxes sur les carburants. En effet, le gouvernement n'inclut pas dans la liste des dépenses fiscales l'exonération du kérosène pour les avions, la fiscalité avantageuse du diésel ainsi que celle du charbon. Elle remarquait finement que taxer le diésel consommé par les particuliers comme le sans-plomb rapporterait presque 7G€ par an et faisait une allusion tout aussi fine au fameux chiffre de 42000 morts par an dus au diésel en France. Comme l'idée d'aligner la fiscalité du diésel sur celle du sans-plomb semble planer avec insistance, cela a amené le retour vengeur du diésel qui tue dans la presse. Comme je m'étais fendu d'un billet l'an dernier sur le sujet lors de la dernière poussée de fièvre sur le sujet, je me suis donc moi aussi décidé à faire un retour vengeur et à l'actualiser — entre autres à l'aide de ce billet-là — pour bien montrer qu'il n'y a absolument aucune chance pour que le diésel puisse causer 42000 décès chaque année en France.
Comme ce billet s'annonce long et que ton temps, ô lecteur, est certainement précieux, voici un résumé de ce qui va suivre.
Il n'y a aucune chance pour que le diésel soit la cause de 42000 morts par an en France pour les raisons suivantes:
- Ce chiffre était donné à l'origine pour l'ensemble des émissions de particules de moins de 2.5µm (PM2.5). Le diésel ne représente que 10% de ces émissions.
- Ce chiffre est calculé sur la base des émissions en l'an 2000. Depuis, les émissions ont baissé d'un tiers.
- Cette étude a eu une suite dont les conclusions conduisent, via une extrapolation linéaire très incorrecte, à pratiquement 3 fois moins de morts.
- Ce chiffre n'a pas la signification qu'on soit capable de relier les pics de pollutions aux morts. Il s'agit d'une donnée mathématique abstraite, qui est mieux exprimée en perte d'espérance de vie.
- Pour ce qui est de la liaison directe entre niveau de pollution et mortalité, on se risquera à une évaluation à la louche qui est d'environ 5000 morts pour l'ensemble de la pollution aux particules et de 1000 morts pour le diésel. J'estime même maintenant que c'est une évaluation maximale en ce qui concerne le diésel.
On s'essaiera ensuite à une exégèse de la communication gouvernementale sur le sujet dont il va ressortir qu'il s'attaque au sujet de la fiscalité du diésel par la face de la santé publique par opportunisme et manque d'autres choix. Il s'est en effet fermé diverses portes par ses déclarations précédentes. Ce qui n'est guère étonnant vue l'incompétence dont il a fait preuve jusqu'ici, incompétence largement due au manque de travail sérieux sur les questions énergétiques lorsque le PS était dans l'opposition — ce qui est, accessoirement, un thème récurrent sur ce blog.
Pourquoi le diésel ne peut tout se prendre sur le dos
Commençons par le début: le chiffre de 42000 morts est donné sur le site du ministère de l'environnement comme valable pour l'ensemble de la pollution aux PM2.5. On nous donne aussi la source, le programme CAFE, on y revient plus loin. Pour l'instant, une évidence s'impose: le diésel n'est peut-être pas le seul émetteur de PM2.5. S'il était responsable de la majeure partie des émissions, on pourrait presque tout lui mettre sur le dos; au contraire, s'il n'est qu'un émetteur marginal, c'est gonflé. De plus, le programme CAFE se base sur les émissions de l'an 2000, il faudrait donc tenir compte de l'évolution de la situation puisque ce billet est rédigé en 2013. Par chance, la France dispose d'un organisme qui recense et évalue toutes sortes de pollutions atmosphériques, dont les PM2.5, le CITEPA. Il publie chaque année un rapport qui les compile. On peut alors en tirer cette figure (p90)
On peut voir sur ce graphe que les émissions ont baissé d'un tiers entre 2000 et 2011. Le modèle menant au chiffre honni étant linéaire, le nombre de morts devrait déjà être ajusté d'autant. Mais il y a mieux: on voit distinctement que le transport routier ne compte que pour 19% des émissions totales. Rien qu'avec ça, je peux affirmer qu'il est strictement impossible que le diésel tue 42000 personnes par an en France. Si on continue la lecture de ce précieux tome, on tombe p224 sur un superbe tableau qui détaille les émissions par combustible.
On y voit que le diésel seul représente 25kt, contre 250kt de PM2.5 émises chaque année. Le biodiésel n'ajoute que 2kt. Dit simplement, le diésel ne représente que 10% des émissions totales de PM2.5. Le reste des émissions du secteur des transports est dû marginalement à l'essence, de façon plus importante à des choses comme l'usure des pneus. Mettre sur le dos du diésel l'ensemble des morts est donc sérieusement gonflé. On constate aussi une particularité des émissions de PM2.5: les premiers émetteurs sont liés au chauffage des locaux avec 39% des émissions liés aux secteurs résidentiel et tertiaire. Le tableau détaillant par combustible nous dénonce 2 autres coupables: le fioul domestique et ... le bois qui émet à lui tout seul quasiment 4 fois plus de PM2.5 que le diésel, concentrés lors des mois froids de l'année.
Mais ce n'est pas tout. Si on se limite aux particules de moins de 1µm, on se limite en fait aux émissions dues au combustible utilisé et on élimine les émissions dues à l'usure. On constate (tableau p205) que les poids lourds émettent 6kt sur 27. Il est laissé à la sagacité du lecteur de savoir si les poids lourds seront concernés par une éventuelle hausse des taxes sur le diésel. Il ne semble pas non plus qu'on empêche les poids lourds de rouler au diésel dans un avenir proche.
Bref: une éventuelle hausse des taxes sur le diésel ne concernerait que 8% des émissions de PM2.5.
D'où sortent ces 42000 morts?
L'autre point frappant, c'est que 42k morts représentent une part importante de la mortalité en France, c'est presque 8% des décès constatés chaque année. Pour fixer les idées, on estime qu'il y a 60k décès liés au tabagisme et qu'il cause 80% des décès par cancer du poumon. Comme les effets du tabagisme et des particules ne doivent pas être bien différents, il y a un problème de concurrence entre ces deux causes: il n'y a pas assez de morts de maladies respiratoires ou cardiaques pour qu'il n'y ait pas de recouvrement entre causes. Dit autrement, si on additionnait tous les morts qu'on lie à une cause quelconque en France, on aboutirait à une somme supérieure au nombre total de décès annuels en France. D'une certaine façon, il y a des gens qu'il faut tuer plusieurs fois avant qu'ils ne soient définitivement répertoriés comme morts.
En l'occurrence, ce chiffre sort à l'origine d'un programme européen, CAFE. Le chiffre de 42000 figure dans ce fichier excel à la ligne «morts prématurées». Les conclusions de ce programme ont fait par la suite l'objet d'un document de l'OMS. Une lecture cursive du fichier excel ainsi que du document de l'OMS montre d'ailleurs une caractéristique bizarre: il y a plus de morts — 350k/an au niveau de l'Europe — que d'admissions à l'hôpital — 100k/an — pour la même cause (pXII du document de l'OMS). Si ces morts étaient conformes à l'idée naïve qu'on peut s'en faire, ce serait l'inverse: aux dernières nouvelles, on ne laisse pas les gens mourir chez eux sans rien tenter en Europe de l'Ouest. Surtout quand il s'agit de gens qui ont des problèmes respiratoires et vont certainement demander de l'aide. Il est remarquable que ce «détail» n'ait pas eu l'air d'alerter grand monde sur la signification de ce chiffre.
Le programme CAFE a consisté à modéliser la présence de PM2.5 sur l'Europe pour en déduire un certain nombre de conséquences sur la santé à long terme. On a découpé l'Europe en cases, où on pouvait assigner une concentration moyenne en PM2.5 et la population y vivant. À partir de là, le nombre de morts y est calculé en prenant la concentration en PM2.5 (exprimée en µg/m³) et la multipliant par le taux de 0.6% par µg/m³ ainsi que le nombre de décès dans une case. Ce qui revient à dire qu'il y a à long terme un excès de mortalité de 0.6% par µg/m³ de PM2.5. Tout ceci est expliqué dans la notice méthodologique (p57). Il y est dit que cette méthode est ... fausse et qu'elle surévalue notoirement le nombre de morts. Mais qu'elle est utilisée parce qu'elle est facile à mettre en œuvre et rend un résultat facile à comprendre
ou, autrement dit, pour des raisons publicitaires. À la page suivante, il nous est clairement dit que la méthode préférée est de compter en termes d'années d'espérance de vie perdues, surtout que la méthode est destinée à faire des évaluations de politiques, menées ou à mener, en fonction de la valeur d'une année d'espérance de vie. La vraie question à laquelle le programme CAFE voulait répondre, c'est de savoir de combien de temps la mort est-elle hâtée, en moyenne, par la faute des particules.
L'autre biais est celui du double comptage: sauf erreur de ma part, il n'y a aucun contrôle pour des comportements individuels comme le tabagisme. Ça favorise aussi l'emploi d'un modèle linéaire. Imaginons que la population soit divisée en 2 catégories, les non-fumeurs, pour qui il existe un seuil en deçà duquel les particules n'ont pas d'effet, et les fumeurs, pour qui toute concentration de PM2.5 hâte des décès parce que le seuil est dépassé à cause du tabagisme. Dans ce cas, toute concentration de PM2.5 va hâter des décès pour l'ensemble de la population puisqu'on aura un mélange indiscernable de fumeurs et de non-fumeurs. À long terme, si un fumeur meurt d'une affection respiratoire, et que les particules n'ont d'effet que sur eux, dira-t-on qu'il est mort du tabac ou des particules? On peut aussi constater que, dans ce cas, la meilleure façon de lutter contre la mortalité par les particules peut devenir … la lutte contre le tabagisme. Un biais supplémentaire est l'effet mémoire: les niveaux de pollution aux particules ont fortement baissé depuis les années 70s, mais nombre de ceux en vie à cette époque sont toujours vivants aujourd'hui. Ces études à long terme observent donc en partie les effets de la pollution du temps jadis. Les émissions de particules ont été divisées par 2 depuis 1990, et l'usage du charbon — autre émetteur de particules historiquement important en Europe et très actuel en Chine — a fortement diminué depuis les années 70s et les centrales à charbon ou au fioul dotées de filtres. Et on peut donc dire que le nombre de morts annoncés n'a rien à voir et est nettement plus élevé que ce qu'on entend généralement par mort à cause de...
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De plus un autre programme a succédé à CAFE, Aphekom. Les résultats du programme en ce qui concerne la France ont été chroniqués ailleurs: cette fois-ci, en étudiant des agglomérations rassemblant 12M d'habitants, on ne trouve que 2900 décès attribuables, pour les niveaux de pollution de 2004 à 2006. À la différence de CAFE, ce programme considère qu'il y a un seuil à 10µg/m³ et attribue la diminution de l'espérance de vie à la partie de la concentration dépassant ce seuil. Pour Paris, le site d'Airparif nous dit que ça correspond à une perte de 6 mois. On peut aussi voir que, d'un programme à l'autre l'évaluation, si on l'extrapole violemment par une règle de 3 à l'ensemble de la population française, est passée à 15000 morts. Sans que ceux-ci soient tellement plus rattachables à leur cause que les morts du programme CAFE.
Pour relier directement les effets des particules aux morts, il y a les études à court terme qui lient les hospitalisations et les décès aux pics de pollution pour voir quelle est la variation et en tirer une relation entre concentration de polluants et morts. Un autre document de l'OMS nous donne la relation à court terme (p257): une augmentation des décès de 0.6% tous les 10µg/m³, un facteur 10 de moins que les effets à long terme. On trouve donc à la louche un ordre de grandeur de 5000 décès directement imputables aux particules par an en France dont seulement 1000 maximum peuvent à la rigueur être imputés au diésel, mais plus probablement 500, puisque le diésel ne compte que pour 10% des émissions.
Pourquoi le gouvernement utilise-t-il cet argument?
On peut maintenant se tourner sur les raisons pour lesquelles le gouvernement utilise l'argument de la santé publique pour vouloir pousser une hausse des taxes sur le diésel et les aligner sur celles de l'essence. La première raison, c'est qu'ils croient sincèrement que le diésel fait des morts tous les ans en France. Sans doute pas 42000, sans quoi on aurait des réactions plus violentes comme la recherche d'une interdiction pure et simple des rejets de particules. C'est la politique qui a été menée avec le durcissement constant des normes portant non seulement sur les moteurs d'automobiles, mais aussi sur les installations industrielles comme les centrales au charbon. Aujourd'hui, les filtres à particules des véhicules diésel filtreraient plus de 99% des particules (source: communication de l'Académie de médecine, p3-4). Le problème pourrait donc se régler de lui-même au fur et à mesure du renouvèlement du parc, quitte à le lier à un durcissement du contrôle technique. Comme on l'a noté plus haut, le bois et le fioul domestique constituent aussi une source importante de PM2.5, puisque le bois représente à lui seul 4 fois les émissions de PM2.5 du diésel. À ce sujet, il me souvient d'avoir entendu, dans la même interview de 10 minutes, l'inénarrable Jean-Vincent Placé fustiger le diésel pour ses émissions de particules et porter au pinacle le chauffage au bois. On le voit, il y a une certaine dichotomie entre la réalité de la pollution aux particules et sa représentation dans le discours public. Toutefois, on s'aperçoit que les feux de cheminée sont aussi dans le collimateur en région parisienne. Dans l'article du Parisien, on pouvait lire la réaction appropriée d'une vice-présidente Verte du conseil régional:
« Il n’est pas question de créer une police des feux de cheminée, mais d’alerter tous ceux qui utilisent ce moyen de chauffage sans connaître son impact », réagit Hélène Gassin, vice-présidente (EELV) du conseil régional d’Ile-de-France. « Mais, prévient-elle, il ne faudrait pas se focaliser sur la chasse aux foyers ouverts et laisser les particules de bois cacher la forêt du diesel. »
Au total, il ne me semble pas que les propositions de taxation du diésel pour cause de particules soient particulièrement crédibles dans ces conditions! Les politiques deviendront crédibles sur ce sujet lorsqu'ils proposeront une taxe sur le bois — très probable en cette époque.
Les raisons du retour de l'idée d'aligner les fiscalités de l'essence et du diésel sont donc en partie à chercher ailleurs. Par exemple, Jérôme Cahuzac disait lundi dernier qu'il faudrait trouver 6G€ l'année prochaine, une somme très proche des 7G€ que rapporterait l'alignement des fiscalités. Je constate aussi que les taxes sur le carburants sont presque les seules à n'avoir pas été augmentées dans ce cycle d'austérité. D'autre part, la France entend réduire sa consommation de pétrole, à la fois pour des raisons géopolitiques — le peak oil — et climatiques — puisque la combustion du diésel dégage fatalement du CO₂. Pour cela, il faudra sans doute augmenter de façon conséquente la fiscalité des carburants.
Mais le gouvernement ne peut le dire directement: on a eu droit à un épisode qui a conduit à baisser temporairement les mêmes taxes cet été. Le gouvernement y a été poussé car il s'est fait fort de stopper la hausse du prix des carburants lors de la dernière campagne électorale. Et ce, alors même que les problèmes climatiques et d'approvisionnement pétrolier sont connus depuis longtemps. Le gouvernement s'est donc lié les mains et ne peut plus justifier une hausse des taxes sur les carburants par le besoin de financement de l'état, les problèmes climatiques ou d'approvisionnement. Il ne peut donc plus qu'utiliser des moyens détournés pour arriver à ses fins. La mise en cause du diésel sur le plan sanitaire semble donc représenter une bonne occasion pour enfin réaliser cet objectif. Car enfin, cet objectif d'alignement des fiscalités est légitime: le diésel ne présente aucun avantage sanitaire par rapport à l'essence, émet la même masse de CO₂ par litre brûlé, la différence de consommation étant désormais couverte par le système de bonus-malus. Tout devrait pousser à cet alignement. Mais faute de l'avoir dit dans la campagne électorale voire avant, le gouvernement en est réduit à chercher une issue de secours. Cette voie n'est pas sans danger, car une fois qu'on a mis en cause les effets sanitaires du diésel aujourd'hui, on risque des réactions épidermiques complètement déconnectées de la dangerosité réelle du carburant.
Finalement, tout cela a un air de déjà vu: ces contorsions sont du même tonneau que celle qui entouraient la tarification progressive de l'énergie. Comme on n'avait pas bossé le sujet dans l'opposition ni eu la sincérité d'exposer la situation telle qu'elle est, on s'est fermé la voie vers des solutions intelligentes.
Commentaires
Merci pour cette démonstration fort intéressante :-)
Où l'on voit que nos gouvernants (comme nos médecins ;-)) sont nuls en statistiques !
Les médecins ne sont pas nuls en stats. L'inclusion de la donnée en termes de nombre de morts ne s'est faite dans CAFE qu'à la suite d'une revue du programme par d'autres médecins. C'est aussi une façon de communiquer vers des décisionnaires, en leur fournissant des données prêtes à être répétées. Bref, ce n'est pas un bug.
Quant aux gouvernants, leur niveau de compréhension des stats varie forcément suivant leur parcours personnel. Mais il ne faut pas les prendre pour des andouilles, s'ils en ont envie, ils peuvent apprendre vite. Là aussi, il faut voir qu'il y a des stratégies ou des hasards de communication. Le programme CAFE est terminé depuis 2005, Aphekom a fourni des résultats récemment. Mais c'est le chiffre du programme CAFE qui est ressorti à l'occasion du classement par le CIRC des gaz d'échappement du diésel comme cancérigènes, sans doute en partie parce que c'est le chiffre qui était sur le site du ministère!
"Les médecins ne sont pas nuls en stats."
"Quant aux gouvernants, leur niveau de compréhension des stats varie forcément"
OK !
Quand les chiffres vont bien avec le "story telling", on dira, alors ;-)
Tout simplement excellent, et contrairement à la version précédente je n'ai quasiment plus aucune remarque, la revue, et la prise en compte, des sources étant vraiment exhaustive.
Enfin, plus aucune remarque, faut pas exagérer, je peux toujours en trouver 2 :
- Dans ce bilan de la pollution PM, il manque un peu de détail sur la part attribuable à l'usure des pneus et des plaquettes de freins. Car les données du rapport SECTEN sont assez intéressante là dessus, en page 203, 5 gG sur 17,3 des émission de PM10 des diesels catalysés sont dues à l'usure pour les diesel catalysés, et 2,7 sur les 13,9 de PM2.5. Mais ça c'est les données 2010, alors qu'on était mis en vente à partir de début 2011, des véhicules diesel norme Euro 5 qui divisent par 5 les émission de particules par rapport à l'Euro 4 d'un véhicule de 2010, et qui présentent déjà 12% du parc, cf une petit analyse maison de l'évolution du parc basé sur 2 doc ADEME et CCFA
Conclusion quand les véhicule Euro 5 seront majoritaire, l'usure sera la plus grande partie de la pollution des diesels, sans réel écart avec l'essence. Mais tu l'avais dit chez Denys. Mais ça méritait d'être redit.
- J'avais déjà dénoncé la pollution proportionnelle des 2 roues, je persiste et signe, surtout sur les COVNM (Composé Organique Volatil Non Méthanique), comme on peut le voir en page 199 du rapport SECTEN. En fait c'est passé de 5476,0 pour les véhicules essence en 1990 à 393 en 2010, alors que pendant ce temps les 2 roues passaient de 108,7 à 114,1 et donc 16% de la contribution total du transport routier. Bref l'absence de norme, le présupposé que forcément ça ne pouvait pas avoir d'impact, a transformé ce qui était plus qu'anecdotique en un contributeur extrêmement significatif.
Airparif fait la distinction entre plus et moins de 50cc pour démontrer à quel point les scooter sont lourdement fautifs. Par exemple comme le montre le rapport particule 2011 p96 et 97, sur le bvd Haussman les scooters représentent 7% des PM2.5 alors que les motos n'en produisent que 3% (et les voitures essence une portion congrue). Plus globalement la synthèse sur l'origine des particules respirées attribue p10 dans Paris 5% des particules fines aux 2 roues, 3 pour les scooter, 2 pour les moto, bon, tout le reste pour les moteurs diesels, mais ceux des particuliers ne font que 48%.
@jmdesp
" Conclusion quand les véhicule Euro 5 seront majoritaire, l'usure sera la plus grande partie de la pollution des diesels, sans réel écart avec l'essence. "
Alors, prochaine étape, une taxe sur l'usure?
Merci beaucoup. La démonstration est implacable. Évidemment le gouvernement cherche des financements et, visiblement, en ordre dispersé. J'avais oublié le grand théâtre sur la baisse du prix de l'essence en début de mandat, c'est en effet contradictoire...
J'aurais quelques remarques :
- Une des critiques supplémentaires du diesel a été sur son caractère carcinogène (ou cancérigène) rapporté par l'OMS. Or je me rappelle avoir lu une entrevue avec un responsable de chez Peugeot affirmant que cette conclusion venait de vieux diésels fonctionnant dans des milieux clos (comme des fonds de mines) ! Et que les moteurs à essence n'était pas rentré dans cette « catégorie » (très vague au demeurant, qui soupçonne le lien cancérigène sans l'affirmer avec certitude) et dont les études n'ont pas été mises à jour et devraient l'être d'ici peu...
- Le taux d'équipement des voitures diésels en France de pots catalytiques même obligatoire est bien plus faible qu'en Allemagne où l'adoption a été faite plus tôt et sur une grande flotte.
- Si l'on veut vraiment s'attaquer à la pollution en ville de manière efficace alors faisons comme les villes allemandes : éliminons des centres villes les voitures jusqu'à la certification Euro 2 ou 3. Je crois que ça s’appelait les ZAPA avant que Mme Batho ne les enterrent plus ou moins. Effectivement là encore ce n'est pas moins l'efficacité de la mesure sur la santé que l'on cherchait mais celle des rentrées d'argent !
- PM2,5 avec une virgule il me semble (voir document du CITEPA) soyons françois...
- Augmenter la fiscalité sur le diésel pourrait être annulée en cas de campagne contre le tabagisme... Les particules ont du bon finalement en ce temps d'anxiété et d'austérité !
La typographie adoptée sur ce blog ne suit pas, en effet, les canons français. J'ai adopté le point comme séparateur décimal pour des raisons pratiques qui me permettent de faire des copier-coller directement depuis un tableur avec en source des données entrées au format anglo-saxon. Ce sont les plus courantes, avoir le point en séparateur permet de travailler dessus directement.
Que les particules issues des moteurs diésel provoquent des cancers si on en inhale trop me semble tout à fait établi. La question qui se pose, c'est de savoir à partir de quel moment l'effet devient notable dans un pays. En France, ces cancers ont pour la plupart une cause immédiatement visible: le tabac. La présence des particules provoque sans doute très peu de cancers chez des non-fumeurs, mais on peut certainement dire que les particules aggravent les problèmes posées par le tabagisme.
Évidemment, l'équipement en pots catalytiques devrait faire diminuer les émissions dues au diésel … à condition bien sûr que les moteurs restent bien réglés — et en injection directe, ça vaut mieux pour leur longévité. Faire disparaître les vieux véhicules devrait aider, même si avec 10% des émissions, il ne faut pas attendre de miracles. Le problème de la France est surtout lié à la pollution aux NOx, c'est le polluant le moins réduit par les pots catalytiques. La pollution hivernale est aussi due au chauffage, notamment au bois — sans doute plus présent à la campagne — et au fioul. Les installations de chauffage durant encore plus longtemps que les voitures, le fioul serait sans doute une cible plus intéressante et facile politiquement pour les particules.
Très intéressante discussion! Mais ne faut-il pas aussi débattre en soi la question de la consommation de carburant ?
1) Il me semble qu'au départ l'intérêt pour la motorisation diesel venait du fait qu'elle permettait de réduire la consommation, paramètre important en particulier à l'époque du choc pétrolier. Mais depuis, tout a beaucoup changé: le moteur à allumage commandé a abandonné le carburateur pour l'injection, adopté le pot catalytique et donc abandonné cette horreur de plomb tétraéthyle, généralisé le pilotage électronique,... - pendant que le diesel adoptait lui-aussi common rail, filtre à particules et catalyseur, avec des exigences sur la teneur en soufre du gazole, etc, etc... Aujourd'hui, que dire : comment le petit moteur diesel moderne se compare-t-il aujourd'hui au moteur essence lorsque les deux sont EURO 5 ou 6 ? coût initial, entretien et consommation ? Et tout ceci s'exprime comment en termes de rejets de CO2 ?
2)Peugeot Citroën et Renault ont pris une avance important dans le développement du petit moteur diesel : que vaut cet atout aujourd'hui ? Si on doit l'abandonner pour une raison économique ou sanitaire, quel impact sur la compétitivité de ces deux entreprises ? Leur silence actuel est assourdissant ! Est-il lié au fait que l'attaque par l'association - même infondée - entre 42000 cancers et diesel est une grenade dégoupillée très dangereuse pour tous les responsables ?
3)Le monde du raffinage pour sa part ne se prive pas de dire et redire les problèmes que lui pose une demande "déséquilibrée" entre essence et gazole, ce qui nous éloigne beaucoup d'un discours sanitaire ! Certes on comprend bien que la surcapacité des raffineries depuis 20 ans ne facilitait pas l'adaptation à l'évolution de la demande et à l'investissement dans des unités de conversion mais pour demain? Quelle prospective pour cette industrie ? PETROPLUS n'est-il pas un arbre qui cache la forêt?
4)Tout cela peut se discuter ouvertement, calmement et honnêtement: quelle erreur de s'embarquer sur une mauvaise motivation comme 42000 cancers ! Le risque est à coup sûr de rendre la sortie de crise beaucoup plus difficile et coûteuse, en termes économiques, fiscaux et industriels - mais aussi en termes d'image et de confiance dans l'épidémiologie ou les politiques de protection du climat et de l'emploi.
Candide,
Bien sûr, le sujet central devrait être la consommation de carburant, étudiée sous d'autres aspects que la santé publique. Ma conviction est que les problèmes de santé publique sont derrière nous sur ce sujet. Comme vous le dites, la technologie et les normes ont énormément changé depuis les années 70s et les chocs pétroliers de 74 et 81. En ce sens, c'est clair que le chiffre de 42k morts pris au pied de la lettre n'est pas simplement incorrect, c'est dégoupiller une grenade et prendre le risque de décisions débiles.
Pour ce qui est des rejets de CO₂, brûler un litre de super ou un litre de gazole, c'est du pareil au même. Selon le bilan carbone, le super émettrait 308g/kWh contre 300g/kWh pour le diésel (y compris les émissions attribuables au transport, au raffinage, etc.). Exprimé en termes de litres de carburants, ça ne change pas grand chose, le contenu énergétique par litre est similaire. Pas de quoi fouetter un chat et justifier l'écart de fiscalité actuel.
Peugeot et Renault ont aussi développé des petits moteurs essence. C'est à cause des normes Euro 5 et Euro 6, ainsi que des directives sur les consommations de carburant. Ils se sont souvent alliés à d'autres pour une partie des ces développements. De plus, une bonne partie de la technologie est maintenant chez les équipementiers. Bref, je ne suis pas convaincu que ça changerait grand chose du point de vue de la compétitivité: les constructeurs changeraient de discours publicitaire sur les petites voitures, voilà tout.
Les raffineurs ont raison sur la question du déséquilibre que crée la fiscalité actuelle. Quoi qu'on fasse, une raffinerie sortira toujours de l'essence qu'il faudra bien écouler. Devoir la transporter en Amérique pour cela dégrade leur rentabilité, de même que l'importation de diésel nous place en situation inconfortable. Mais il ne faut pas oublier que la fin de certaines raffineries est aussi due à la baisse de consommation — légère pour le moment — de carburants, aux gains de productivité de cette industrie et à l'apparition de concurrents moyen-orientaux. Si on veut vraiment faire baisser la consommation de pétrole en France pour des raisons géopolitiques et climatiques, ça va forcément aboutir à une baisse du nombre de raffineries en France.
" Devoir la transporter en Amérique pour cela dégrade leur rentabilité "
Et représente des émissions de CO2 en plus!
1) Sur la consommation, j’entends bien que la mesure en litres aux 100 km n’est pas l’expression la plus pertinente : c’est d’ailleurs pour cela qu’on est passé aux grammes de CO2 par km. Il n’en reste pas moins que le bénéfice du meilleur rendement intrinsèque du moteur diesel ne semble pas avoir été complètement épuisé par l’augmentation de la consommation liée aux filtres à particules et aux catalyseurs. On aurait vraiment intérêt à généraliser le langage en rejets de CO2, d’autant plus que pour les particules et polluants gazeux EURO6 adopte les mêmes limites pour les motorisations essence et diesel. Mais pour former son jugement il faut aussi prendre en compte les coûts d’achat, les dépenses de maintenance et la consommation.
Bien sûr, la fiscalité est un millefeuille fascinant, avec des TVA récupérables et non récupérables, des bonus/malus, des spécificités pour les carburants des pêcheurs, des routiers, des taxis…Raison de plus pour anticiper les questions des uns et des autres, sans oublier non plus celles des salariés de Renault et de PSA – sans penser du tout qu’il suffirait d’utiliser un argument d’autorité tiré du fallacieux « 42000 cancers». Ni non plus que l’égalisation des fiscalités essence et gazole soit un objectif de simplification tellement évident qu’on puisse se dispenser de réfléchir aux conséquences de flux qui pourraient représenter des marches de 1 milliard d’euros par an !
2) Que les raffineries françaises, depuis longtemps en surcapacité, n’aient pas évolué avec la demande est un fait peut-être regrettable mais qui ne serait en tout état de cause pas modifié avant plusieurs années, même si la proportion essence /diesel était fortement modifiée pour les voitures neuves vendues à partir de 2014. D’ailleurs, aussi bien la réduction progressive du nombre des raffineries que l’accroissement de la diésélisation des moteurs vendus en France ont eu lieu régulièrement depuis une vingtaine d’années : dans une période où la profession fermait raffinerie après raffinerie, on comprend bien qu’il n’y pas eu possibilité d’investir dans les unités de conversion qui auraient permis de suivre la demande de gazole en ne se contentant pas de la simple distillation. Et la surcapacité n’est-elle pas vraie aussi dans les autres pays européens ? Que faire aujourd’hui ? En tout cas est-il souhaitable qu’une réflexion sur le devenir des raffineries dans les 5 prochaines années ne soit pas subordonnée à une augmentation dissuasive des taxes sur le gazole. De surcroît peut-on penser que le monde du pétrole n’assumerait rien s’il était accusé d’avoir été à l’origine d’un mouvement qui engendrerait trop d’insatisfaction du côté des automobilistes, des taxis, des routiers… Une réflexion stratégique sur l’avenir du raffinage est d’autant plus nécessaire que chacun s’accorde à penser que l’économie comme la sécurité imposent que nous cherchions à sortir du « tout pétrole », par exemple en faisant une promotion suffisante des métros, tramtrains et autres TER , en organisant une croissance de l’utilisation de l’électricité pour la motorisation des véhicules urbains, voitures, 2 roues, utilitaires… Mais, en tout cas, il importe que les pétroliers ne jouent pas aux pyromanes avec les « 42000 cancers » ni avec des suggestions occultes d’augmentation des taxes sur le gazole.
3) Le petit moteur diesel économique et efficace est-il aujourd’hui un atout compétitif important pour Renault et PSA ? Bonne question à expertiser, mais force est de noter que le marché de l’automobile va plutôt mal et qu’il serait peu responsable de prendre le risque d’une cause de déstabilisation supplémentaire… Il faudra y revenir.
Candide,
les raffineurs ont ajusté les productions relatives de super et de diésel. Mais la progression du diésel a été encore plus rapide. La situation est résumée dans cette présentation de l'UFIP: certes, c'est un plaidoyer pro domo mais les données sont incontestables. Il y a vraiment un problème de consommations relatives. Le problème des raffineries en France est plus lié à des problèmes de prix hors taxe et d'écoulement de la production d'essence qu'au niveau de la taxe. Les importations de diésel représentent maintenant un tiers de la consommation — donc la moitié de la production —, les exportations d'essence 20% de la production. La France est donc déjà importatrice nette de produits raffinés. Et il ne reste plus de fait que 9 raffineries en France avec la fin de Pétroplus et une raffinerie à Fos finira peut-être par fermer.
La question de la fiscalité me semble aussi claire par d'autres aspects: comme vous le savez, le gouvernement cherche des sous en ce moment. Il est assez rare qu'une industrie se dise prête à une hausse des taxes sur une de ses productions — ce qui est de fait la demande de l'UFIP — pour qu'il n'en profite pas. Toutes les catégories que vous citez bénéficient de régimes dérogatoires, d'ailleurs, je souhaite bonne chance au gouvernement qui voudra augmenter la fiscalité de leurs carburants pour respecter les engagements sur le climat.
Simple-touriste parlait d'usure plus haut.
Pas grand chose à faire sur le sujet, sauf signaler quand même que c'est en plus des pneus aussi les plaquettes de frein, en particulier pour le cuivre cf CITEPA P61, d'ailleurs les US ont commencé à légiférer sur le sujet. Les véhicules électrique grâce au freinage dynamique feront un peu de progrès aussi sur ce point.
Mais l'usure des pneus, de la route, là rien à faire. L'important est que sur ce point le diesel et l'essence sont exactement à égalité, de même qu'en fait les voitures essences à injection directe sont à égalité sur les particules fines avec les diesels à FAP récents.
@Candide : Parler juste d'investissement manquant me semble confondre un peu une unité de raffinage avec une baguette magique. Les raffineries françaises ne font pas que de la distillation, comme le montrent une succession de rapports en 2009, en 2011 qui indiquent aussi que ce qui fait l'actualité très récente est identifié depuis un moment, sans pour autant qu'on arrive à déterminer une action, à part observer le désastre se propager. Elles sont indiqués comme s'étant suffisamment modernisé pour passer de l'utilisation de 4/5% du brut dans les années 80 à 7% aujourd'hui. Mais la majorité des procédés sont orientés vers le fait d'extraire plus de composants légers, puisqu'ayant plus de valeur. Essayer de refaire du gazoil à partir de l'essence marcherait assez à l'envers. Et de toute façon, toutes les opérations de retraitement augmentent le coût financier et énergétique. Lorsqu'il s'agit de passer à un produit beaucoup plus valorisable, ça en vaut la peine, mais dans ce sens, ça parait mission impossible. De toute façon, et comme le montre au passage la même page récapitulative sur les techniques de raffinage, les raffineries qui ont le vent en poupe sont celles des pays producteurs, permettant de ne transporter que la partie utile, vers le bon consommateur, et aussi il faut l'admettre des coûts environnementaux et salariaux moindres.
Ca ne veut pas dire que les raffineries françaises n'auraient pas une fenêtre étroite si elles se spécialisaient sur les bruts lourds, justement plus riches en composés donnant du gazoil. M'enfin c'est aussi les plus polluants. Et sur la base de coûts opératoires supérieurs de 25% à la moyenne européenne, quelle que soit la répartition des raisons que l'UFIP n'indique pas, ça parait mal parti.
Pendant ce temps là, les japonais relancent un peu le gazoil, pour rééquilibrer leur déséquilibre dans l'autre sens. Peut-être une opportunité pour Nissan d'importer quelques moteurs Renault ?
@Proteos : Je serait preneur d'un lien vers ce bilan carbone, déjà évoqué il y a quelques temps, mais que je n'ai pas réussi à localiser à l'époque. J'ai vu pas mal de référence à l'existence de cette méthode de l'ADEME, mais pas ses données directement.
jmdesp,
pour les pneus, effectivement, il n'y a pas grand chose à espérer. Mais des choses ont été faites: les pneus durent plus longtemps et opposent moins de résistance au roulement. Tout ça doit faire que les émissions de particules ont là aussi diminué. Reste qu'une résistance au roulement doit exister, sinon les pneus n'auraient pas de grip sur la route: bref, ils ne marcheraient pas!
On peut récupérer les documents du bilan carbone là, ça contient la fameuse étude de l'ADEME sur le contenu moyen en CO₂ des différents usages de l'électricité (basé sur la période 1998-2003).
" Reste qu'une résistance au roulement doit exister, sinon les pneus n'auraient pas de grip sur la route: bref, ils ne marcheraient pas! "
Ce domaine (adhérence, frottement, dissipation...) est très mystérieux pour moi.
Comment fonctionnent les roues des wagons?
@proteos
Certes est-il inhabituel qu'une profession demande une augmentation de la fiscalité sur certains de ses produits sans même trop se cacher sous le manteau des 42000 cancers annuels ! Mais que se passera-t-il si Bercy, fasciné d’avoir trouvé le Saint Graal d'une taxe désirée, cède à la facilité de prélever là les 3 milliards cherchés ? Bien sûr, pas pour financer des dépenses supplémentaires comme les primes de conversion ou les primes à la casse, que ces ballons d’essai aient ou non de l’intérêt… On entendra alors parler des conséquences pour l'emploi chez Renault et Peugeot, sur le marché français ou à l’export, y compris via Nissan, parler de l’incidence sur le pouvoir d’achat de ceux qui ont acheté des voitures diesel depuis 10 ans… On retrouvera la nécessité de rassurer très vite taxis, routiers, agriculteurs... On s’apercevra alors, trop tard, de la fragilité du discours sur le préjudice sanitaire, de l'impact sur le CO2 compte tenu des différences de rendement entre motorisations essence et diesel, … Les pétroliers voleront-ils au secours des autorités en assumant les conséquences des dérapages ? On peut en douter !
D’où l’importance de clarifier très vite dans l’esprit de tout le monde ce que l’on sait réellement sur l’incidence des particules fines sur la santé en 2013, avec les certitudes et les incertitudes…S’il y avait réellement 42000 vies à gagner, le pays devrait se convaincre de la nécessité d’un virage même douloureux. Si en revanche l’argument est erroné, mieux vaut que chacun soit prévenu à temps pour éviter ce qui ne serait que la conséquence d’une incompréhension ou d’une manipulation… Comment contribuer à diffuser des éléments de référence permettant aux journalistes, aux politiques, aux citoyens,…, de former leur jugement ? Bravo d’y contribuer via ce blog mais comment aller plus loin ? Ne peut-on regarder comment la question du risque sanitaire des particules fines est débattue dans un pays plus dieselisé que nous (Belgique)? moins ? Dans des pays avec plus de foyers individuels au bois ou au charbon ? A-t-on des études épidémiologiques correspondant à des agglomérations à pollutions très contrastées ? Comment promouvoir un débat plus sophistiqué que « 0 ou 42000 » ?
candide,
Bien sûr, on ne peut que souhaiter que les décisions soient toujours prises pour de bonnes raisons. Cependant, il s'avère qu'un auteur brillant a dit il y a 600 ans que c'était impossible. Dans le cas présent, la contestation du fameux chiffre a fait quelques progrès, avec des vrais/faux à la radio et un article dans ''Le Monde'' après que ce journal a participé massivement à la diffusion de ce chiffre. (D'ailleurs, je ne puis m'empêcher de remarquer que la découpe de l'image du rapport du CITEPA ressemblait à s'y méprendre à celle que j'avais fait à l'arrache en juin dernier).
Alors que faire? En fait, je ne sais pas vraiment, puisque je ne suis pas vraiment au fait du fonctionnement des cabinets ministériels. Il se dit entre autres que le rapports de forces est important, auquel cas c'est un peu râpé pour des gens comme vous et moi. À noter quand même que les politiques n'aiment pas la mauvaise publicité — d'où le succès des chiffres catastrophistes — ce qui fait que la diffusion honnête des 2 articles que j'ai rédigés sur le sujet aidera un peu pour éviter que les 42k morts ne servent de base à une décision. On ne peut souhaiter qu'une décision de taxation sur le diésel soit d'abord prise en fonction des problèmes climatiques et ensuite géopolitiques.
merci pour les doc, qui me rendent toutefois assez nerveux d'utiliser toujours dans la mise à jour 2010 les valeurs de carbone de 99-2003. Je vais mettre un petit commentaire sur l'autre billet qui la référence.
Un épidémiologiste enfonçait le clou il y a quelques jours dans Libé : http://www.liberation.fr/politiques/2013/09/12/un-impact-sanitaire-fort_931552
Ce qui est hallucinant, c'est qu'à lire l'interview, encore une fois :
Ah, et puis aussi : la baisse d'un tiers que l'on a mesuré du taux de PM dans l'air en une décennie, c'est de la poudre aux yeux, selon ce monsieur épidémiologiste : «En réalité, l’exposition urbaine aux particules fines est plutôt en croissance.» Mais quelle est donc cette métrique en croissance ? Ah bah ça, on ne le dit pas !
Qu'est-ce que ça serait si la toxicité du diesel était intrinsèquement forte...