L'électricité, l'avenir du chauffage (1er épisode)
Par proteos le 15 avril 2013, 22:35 - Énergie - Lien permanent
Chacun a sans doute déjà entendu dire que le chauffage électrique était un scandale et qu'il a été un succès en France grâce à une alliance inattendue entre technocrates partisans du nucléaire et pubards de génie. Une réponse à leurs arguments a déjà été formulée, mais elle est basée sur de vieilles données.
Les opposants au chauffage électrique avancent principalement 3 arguments contre le chauffage électrique: qu'il est inefficace sur le plan énergétique, qu'il émet plus de CO₂ que les autres formes de chauffage et enfin qu'il met en danger la sécurité d'approvisionnement en électricité en créant des pics de consommation très importants. Si ce dernier argument est vrai, le deuxième est faux et le premier n'a en fait pas vraiment d'importance.
Le faux-semblant du gaspillage dû à l'électricité
Pour arriver à dire que le chauffage électrique gaspille de l'énergie, les opposants prennent en compte le processus de fabrication de l'électricité. En effet, avant de nous vendre des produits énergétiques finis qui servent aux particuliers, les industriels partent de matières brutes et perdent une partie du contenu énergétique utilisable dans cette transformation. La plupart des centrales électriques sont des machines thermiques, ce qui fait que leur rendement est sévèrement limité par le second principe de la thermodynamique. Ce rendement change aussi suivant les technologies utilisées et l'âge de la centrale. C'est ainsi que les centrales nucléaires françaises ont un rendement d'un tiers, alors que les centrales à gaz dernier cri peuvent atteindre les 60%.
Pour compter l'énergie techniquement récupérable au départ dans la matière première, on parle d'énergie primaire; pour compter l'énergie effectivement livrée aux clients finals, on parle d'énergie finale. L'énergie finale ne dit pas forcément quelle est la forme la plus utile d'énergie, elle signale juste qu'on est arrivé en bout de chaîne commerciale et que quelqu'un a donc payé pour cette énergie. L'énergie primaire, elle, ne convoie pas du tout le même concept, elle sert surtout à savoir qu'elles sont les matières premières utilisées. Les contempteurs du chauffage électrique comptent bien sûr en énergie primaire quand ils affirment qu'il est inefficace.
Or, la comptabilité en énergie primaire ne dit rien de la difficulté à mettre cette énergie à notre service, ni des autres inconvénients qui s'y rattachent, qui sont les vraies questions qui se posent à une société humaine. En effet, l'énergie est abondante dans l'univers et sur terre — on entend d'ailleurs souvent les contempteurs du chauffage électrique déclarer qu'il faudrait couvrir de panneaux solaires une petite partie de la surface terrestre pour assouvir l'ensemble des besoins de l'humanité —, le problème est de pouvoir en disposer quand et où nous en avons besoin. Cette difficulté à en disposer est généralement traduite dans le prix de vente de l'énergie finale, qui regroupe les salaires et les rentes qu'il a fallu verser pour se la procurer. Parfois, quand il existe une taxe sur la pollution, le prix rend compte de certains inconvénients. Dans le cas de l'électricité, on peut constater que son prix est environ 2 fois plus élevé que celui du gaz, par exemple. Et que c'était pire dans le passé.
Si le chauffage électrique a rencontré un certain succès ces 30 dernières années, c'est donc qu'il permettait de consommer … moins. Le prix supérieur de l'électricité est partiellement compensé par une consommation facturée moindre, état de fait acté par les différentes normes de constructions de bâtiments qui se sont succédées depuis le choc pétrolier et qui obligent les logements chauffés à l'électricité nouvellement construits à consommer moins d'énergie finale que leurs homologues utilisant des combustibles fossiles. De plus, le chauffage par simples radiateurs coûtait peu en investissements de départ, compensé par une isolation renforcée.
Et le CO₂?
Un autre reproche des contempteurs du chauffage électrique est qu'il rejette plus de CO₂ que les autres formes de chauffage. La logique est la suivante: certes, le nucléaire est une production décarbonée, mais il produit tout le temps, ce n'est donc pas lui qui fournit l'électricité du chauffage, nécessaire uniquement en hiver, mais les centrales à combustible fossile. Comme le rendement n'est pas de 100%, le chauffage électrique ne peut qu'émettre plus de CO₂ qu'un chauffage au gaz, par exemple. En prime, alors que le charbon n'est plus utilisé pour chauffer des habitations, des centrales au charbon sont toujours en service en France. Or, les centrales au charbon émettent quasiment 1kg par kWh d'électricité produite contre environ 200g par kWh de gaz facturé.
Cependant, comme le montrent les graphes suivants extraits du bilan de RTE de décembre 2012, les centrales à combustibles fossiles ne sont pas les seules à voir leur production augmenter en hiver.
Comme on peut le constater les centrales à combustible fossile produisent très peu lors de la belle saison, leur production augmente d'environ 4 à 5TWh lors des mois d'hiver normaux par rapport à cet étiage bas et les mois d'une rigueur exceptionnelle, comme le mois de février 2012, voient une production augmentée de 7TWh. Mais dans le même temps, la production nucléaire augmente de 10TWh entre l'hiver et l'été et la production hydraulique voit aussi sa production augmenter d'environ 1 à 2 TWh. On constate donc que l'augmentation de la production des moyens décarbonés est donc 2 fois supérieure à celles des centrales à combustible fossile. Comme il peut rester un doute à cause de la forte variabilité des émissions de CO₂ suivant les moyens appelés, il est intéressant de faire un calcul plus détaillé.
Il se trouve qu'en 2005, une étude de l'ADEME a estimé le contenu carbone de chaque kWh électrique suivant l'usage qui en était fait. Elle donne la valeur moyenne de 180g/kWh pour le chauffage électrique. Les émissions de CO₂ associées au kWh moyen étant stables depuis une dizaine d'année autour de 60g/kWh, l'expansion du chauffage électrique ne paraît pas non plus avoir d'effet néfaste et son contenu carbone est sans doute lui aussi resté stable depuis 2005. Les documents qui servent à calculer le bilan carbone estiment les émissions du gaz à environ 200g/kWh et celles du fioul à 300g/kWh. On voit donc qu'en France, utiliser un kWh d'électricité ou de gaz provoquent l'émission d'à peu près la même quantité de CO₂. Mais comme on l'a rappelé plus tôt, les logements chauffés à l'électricité sont plus économes.
On peut même quantifier cela. Pour commencer, l'électricité chauffe un gros tiers des logements actuellement contre un peu moins de la moitié pour le gaz et 15% pour le fioul, ses principaux concurrents. En passant, le graphique suivant (tiré de ce document, p28) montre, en sus de l'essor du chauffage central, que les 40 dernières années n'ont pas seulement été un âge d'or pour le chauffage électrique mais aussi pour le chauffage au gaz. Ce dernier partage certaines caractéristiques communes avec le chauffage électrique: pas de mauvaises odeurs et pollution fortement diminuée, distribution sans effort par un réseau d'adduction.
Par ailleurs, un tableau pioché dans cet autre document de l'ADEME (p45) permet de connaître la répartition de l'énergie consommée pour se chauffer, en dehors du bois. On voit que le chauffage électrique consomme seulement 18% de l'énergie consacrée au chauffage alors qu'il représente 35% des logements.
Du côté des émissions de CO₂, la performance du fioul est très médiocre, alors que la performance des réseaux de chauffage urbain est à remarquer. Il faut dire qu'ils sont souvent alimentés par l'incinération des ordures, du bois ou encore la géothermie. On voit aussi que le chauffage électrique n'est certainement pas une horreur de ce point de vue.
Mais ce n'est pas tout. Le chauffage des locaux n'est pas le seul usage où on a besoin de produire de la chaleur. À part la cuisine qui représente une faible partie de la consommation énergétique des ménages, il y a la production d'eau chaude. Elle aussi a beaucoup augmenté depuis les années 70s; il paraît aujourd'hui incongru de ne pas pouvoir prendre une douche tous les jours chez soi. Dans ce domaine, l'électricité a acquis une position encore plus forte que pour le chauffage, comme on peut le voir ci-dessous (source Bilan Carbone, Tome Énergie §2.6.2.4, p53):
Une nouvelle fois, en termes de consommation d'énergie finale, il semble que le chauffage à l’électricité soit plus économe.
Et la note de l'ADEME attribue une émission de CO₂ de 40g/kWh à la production d'eau chaude sanitaire par l'électricité: il faut dire que cette consommation a lieu le plus souvent en heures creuses tout au long de l'année, là où le nucléaire est archi-dominant dans la production d'électricité française. En conséquence, les émissions de CO₂ sont très basses. On peut aussi noter l'excellente performance des réseaux de chaleur.
Enfin, on peut voir la répartition des émissions de CO₂ pour ces usages thermiques. On constate que l'électricité et les réseaux de chaleur ne compte que pour 15%, les combustibles fossiles utilisés directement pour 85%. C'est dû à la fois au prix de l'électricité qui force à l'économiser plus que le gaz, au rendement de 100% du chauffage électrique — une fois passé le compteur, il n'y a pas de pertes pour un usage en chaleur — alors que le chauffage au gaz est toujours handicapé par la présence de chaudières peu efficaces (veilleuses…) dans une bonne partie du parc de logements.
Conclusion
On peut constater que le chauffage électrique n'a rien eu d'hérétique jusqu'ici en France. L'argumentation se basant sur un prétendu gaspillage dû au passage par l'électricité passent allègrement sur le fait qu'une chute d'eau ou une bise bien fraîche n'ont jamais réchauffé personne et que tout le monde n'a pas la chance d'avoir un réacteur nucléaire à la maison.
Les performances en termes d'émissions de gaz à effet de serre sont tout à fait honorables par rapport à ce qui se faisait à la même époque dans les logements chauffés autrement. Bien sûr, à la suite du durcissement des normes de construction, les logements chauffés au gaz nouvellement construits sont meilleurs de ce point de vue que les logements chauffés à l'électricité construits dans les années 70. Dans le deuxième épisode, je regarderai quelles sont les perspectives.
Commentaires
Tout ceci ne renseigne pas du tout sur :
- faut-il inciter les français à s'équiper en chauffage électrique?
- autrement dit, quel est le taux d'équipement idéal en chauffage électrique?
- faut-il renforcer les normes de sécurité afin de finir de disqualifier les chaudières individuelles à gaz? (déjà, le ramonage tous les ans, je doute que ça soit indispensable)
- quel est le coût réel de la production d'énergie électrique du chauffage électrique des locaux (pas de l'eau)?
- quel est le coût pour RTE du chauffage électrique?
- jusqu'à quelle sensibilité climatique de la consommation électrique peut-on aller?
Je précise que mon cycle (lecture d'un article-longue réflexion-postage d'un commentaire) fait que j'ai posté ce commentaire avant de voir que la suite "L'électricité, l'avenir du chauffage (2e épisode)" avait été publiée!
Un article un peu complexe mais fort intéressant !
Je ne définirais pas les volumes d'émission de gaz à effet de serre comme étant "honorables", surtout avec les nouveaux moyens écologiques disponibles qui ne sont que très peu utilisés (certes, ils coûtent cher).
Rayonnant,
quand on compare aux moyens installés à la même époque, les résultats du chauffage électrique sont honorables, oui. En absolu, les normes se sont durcies depuis, les pompes à chaleur et les chaudières ont fait des progrès, etc.
Ah et j'oubliais, les liens de sites des commentateurs sont en no follow sur mon blog.
Simple-touriste,
Inciter les français à s'équiper de pompes à chaleur est sans doute une bonne idée. Quant à connaître le taux d'équipement optimal en chauffage électrique, on peut voir que si tout le monde installe une pompe à chaleur avec un CoP annuel de 3, on peut chauffer tout le parc de logements ou presque — il y a aussi un effet surface, les logements chauffés à l'électricité sont plus petits que la moyenne — avec les moyens électriques actuels. Évidemment ça ne se passera pas comme ça, mais ça donne une idée.
Je ne suis pas un grand fan des réglementations de sécurité qui ne servent à rien. Tout ce que ça provoque, c'est des gens qui ne font plus d'entretien du tout parce qu'ils trouvent les obligations débiles. Chiffrer les coûts pour RTE ou les producteurs d'électricité, je ne sais pas répondre. Trop d'hypothèses à faire, trop de données à récupérer a priori. La sensibilité climatique de la consommation électrique est certes élevée actuellement, mais il faut voir aussi quels sont les buts à atteindre: or, il me semble que la priorité devrait être à la lutte contre les rejets de CO₂.
Je suis surpris par le 200 gCO2 (206 exactement dans le doc ADEME) pour le chauffage direct gaz, car il y a quelques années même dans son vade-mecum pour écologistes anti-nucléaire l'association française du gaz ne revendiquait que 234g.
Et sinon je n'ai pas compris comment le tableau de la page 45 du doc de l'ADEME permet d'arriver aux chiffres de 18% / 51% de la conso d'énergie, si ce n'est pas une interpolation qui reste approximative ?
Sur le fond, le chiffre est certainement correct, le ratio est en accord avec d'autres documents basés sur les données du CEREN sur la consommation unitaire des logements selon l’énergie et la date de construction. Comme le chauffage électrique était cher, il a poussé à économiser l'énergie depuis toujours, et c'est confirmé en retraçant son histoire pendant 30 ans, ainsi que le fait que cela a tout de même été assez aidé par les normes.
J'interprète le tableau comme la proportion d'énergie consommée et non la proportion de logements. Combiné avec le graphe ça donne les proportions totales. En fait, j'ai essayé les 2 modes de calculs pour voir ce qui rebouclait le mieux avec les consommations de gaz/fioul en partant de la consommation données pour le chauffage électrique.
Pour la précision, on doit pouvoir faire mieux. L'ADEME ou un autre organisme pourrait donner directement les consommations au titre du chauffage, ventilé par énergie…
En effet, les documents ministériels montrent que le chauffage électrique est un peu tout le contraire de ce qui s'en raconte chez les écolos. Il pousse à l'économie car plus cher à la consommation, raisonnable en émissions de CO₂, a des possibilités de progression par l'adoption des meilleures techniques (pompes à chaleur…), etc.
"Il pousse à l'économie car plus cher"
Autrement dit : il est trop cher pour beaucoup de gens, et beaucoup de gens sont mal chauffés et vivent dans l'inconfort.
simple-touriste,
Ou alors «les gens» investissent dans de l'isolation — à coût raisonnable pour des choses simples — pour garder une facture raisonnable. De l'autre côté, dans le chauffage au gaz, les chaudières à veilleuses sont restées très longtemps vendues car, même si la consommation de la veilleuse rentabilisait en 2 ans un allumage électronique, c'était intéressant en location pour le propriétaire. Bref, presque du pur gaspillage, vu que les investissements rentabilisés en 2 ans, ça ne court pas les rues.
Et si le chauffage électrique est aussi horrifique que vous le dites, pourquoi aurait-il connu un tel succès, y compris chez les propriétaires-occupants? La réalité, c'est que le rapport coût total/performance était et reste bon.
@simple-touriste : Ca peut se défendre, mais à entendre les écologistes, c'est juste le contraire.
Ceci dit en fait, on peut dire surtout que ça pousse à optimiser, avec une facture moyenne du foyer électrique équivalente à celle du foyer gaz. Le lien que j'indique plus haut, sur l'histoire du chauffage électrique indique que c'est les premiers qui ont eu une isolation de qualité, qui permettait justement d'éviter une dépense excessive.
Le principe de l'électrique fait correctement est d'économiser le coût de la chaudière, de l'installation de chauffage, mais de transférer le budget sur l'isolation.
Ca a dérapé à un moment. EDF n'a plus contrôlé les nouveaux logements construits, pour la location des propriétaires ont choisi l'électrique par facilité sans se préoccuper si la construction était vraiment conforme aux normes (tjrs le même lien, elles étaient depuis l'origine nettement plus exigeante). Et aussi certains ont converti à l'électricité des logements anciens, sans mettre correctement à niveau l'isolation.
Maintenant si on s'intéresse au présent, et aux logements neufs, la RT2012 a au moins un point positif, quand on fait de l'électrique avec, pour un budget de construction équivalente dans les zones favorables, on a le budget mensuelle de chauffage le plus bas, mis à part la géothermie (c'est l'effet que je décrit plus reporter sur l'isolation, le budget économisé sur la chaudière). Cf cas B page 3 dans l'étude suivante.
jmdesp,
il reste un point sur lequel je n'avais pas répondu: les émissions dues au gaz. Le problème vient, je pense, de qu'il existe 2 façons de compter l'énergie qu'on peut tirer d'une combustion, le PCI et le PCS. On a PCS ~ 1.1*PCI pour le gaz. Ce qui correspond grosso modo à la différence entre facteurs d'émissions. D'ailleurs, il faut noter 2 points:
"mais à entendre les écologistes, c'est juste le contraire."
Les écolos disent des tas de choses :
- il faut augmenter les prix des énergies, c'est le principal moyen pour inciter à moins consommer
- il faut aider les gens qui n'en ont pas les moyens à consommer de l'énergie
- les incitations ne marchent pas bien parce que celui qui consomme (l'occupant) n'est pas toujours celui qui investi (le propriétaire) (ce qui est souvent vrai; voir aussi le cas du promoteur qui construit n'importe comment pour faire des économies minables)
et aussi, celle qui dépasse tout :
- en hiver, le parc nucléaire est sous-dimensionné
- en hiver le surplus d'énergie électrique est produit en brûlant des hydrocarbures (avec un mauvais rendement d'environ 1/3), ce n'est pas du kWh nucléaire mais du kWh très carboné qui est vendu au consommateur final
- EDF a incité les français à s'équiper massivement en chauffage électrique pour rentabiliser son parc de centrales nucléaires (?!!)
Les écolos peuvent dire des choses très censées ou carrément absurdes, même sur un même sujet; tout ce qui compte est que cela corresponde à un agenda, qui n'est pas clair (le climat? la qualité de l'air? réduire la qualité de vie?).
Sur le parc nucléaire sous-dimensionné en hiver, il faut noter que le problème est bien moins aigu que souvent décrit.
Approximativement 20% du temps chaque centrale est arrété pour entretien, rechargement du combustible, etc. Cela conduit EDF à programmer les arrêts majoritairement en été. On voit alors qu'en gardant une production moyenne de 80% on peut mettre 3 mois à 60% (juin-juillet-août), 2 à 70% (mai-septembre), 2 à 80% (avril-octobre), 2 à 90% (mars-novembre), 3 à 100% (décembre-janvier-février), et absorber une grande part de la variation à travers cela. De fait, il arrive parfois, ça a été le cas l'an dernier, de voir une partie des centrales charbon tourner au mois d'août.
@Proteos : Il y a une mise à jour 2012 du document chiffre clé de l'ADEME ici : http://multimedia.ademe.fr/catalogu... avec un ajout très intéressant en page 49, la répartition des consommations suivant le mode de chauffage.
Même si le commentaire associé expose pleinement le tropisme anti chauffage électrique de l'ADEME.
Alors même que le graphique montre que la maison individuelle électrique dépense au total 1278 euro (et 11855 kWh) et celle gaz 1364 euro (pour 15937 kWh), il prétend faire le constat que ça montre que le chauffage électrique pèse lourd dans le budget des ménages !
En réalité, dans ces chiffres, le ménage chauffé au gaz y dépense 852€ et 501€ d'électricité, ce qui montre que sur les 1224€ d'électricité du ménage électrique, seul 723 sont à affecter à la partie chauffage, moins que ce qu'y dépense le foyer gaz.
Ce n'est pas le même personnel (itinérant) qui fait le gros du boulot dans les bâtiments réacteur?
simple-touriste,
je ne connais pas l'organisation interne d'EDF ni la politique d'appel aux sous-traitants. En d'autre termes, il m'est impossible de répondre dans un sens ou dans un autre à votre question.
jmdesp,
Que le parc nucléaire soit désormais largement dépassé lors des jours froids d'hiver, c'est un fait. Certes, le problème n'est véritablement aigu que lors des jours de grand froid, mais le fait est que l'augmentation régulière de la consommation d'électricité par les ménage fait que faute de construire des réacteurs, la production doit être assurée par d'autres moyens.
Je n'ai pas la même lecture que vous des commentaires de l'ADEME. Ils remarquent simplement que l'électricité est plus chère que le gaz puisque le part dans les dépenses est supérieure à la part dans la consommation d'énergie finale. Alors qu'une bonne partie des graphes font remarquer que la hausse la plus forte s'est produite dans l'électricité spécifique (p43), celle qu'on ne peut remplacer par autre chose, ou alors difficilement. Par contre la remarque sur l'équipement en chauffage au bois me semble absolument idiote. Un logement construit pour accueillir un chauffage électrique n'est pas vraiment adapté pour accueillir un chauffage au bois: il n'y a souvent aucun circuit d'eau pour chauffer les pièces… Par contre un chauffage électrique peut être installé partout où il y a des prises de courant ou là où on peut tirer des fils!
Est-ce que vous pouvez m'éclairer sur l'équilibre lors de la pointe de 102 GW du 8 février 2012 à 19h?
Je ne trouve pas les données complètes sur le site RTE.
Sur cette copie d'écran :
http://lafibre.info/index.php?actio...
je lis que le bilan des exportations est de -7914 MW
Sur cette copie d'écran :
http://lafibre.info/index.php?actio...
je lis que la production n'est que de 83143 MW.
Production - exportations =
83143 - (-7914) = 91057
Il en manque énormément : 19 GW!
Ce sont les nouveaux renouvelables?
Est-ce qu'on parle bien de la même chose?
Est-ce que le périmètre est différent? France = métropole, ou pas?
simple-touriste,
Pour la vague de froid de l'an dernier, vous pouvez regarder le retour d'expérience de RTE. Il y a ce graphe qui peut vous aider:
Sinon, vous pouvez trouver les données de RTE sur eco2mix et si vraiment ça ne suffit pas, Sauvons le Climat maintient des archives.
Avec l'approximation 1 % = 1 GW, on voit que le combustible fossile représente 18 GW et non 11,6 GW (gaz, charbon, fioul, "pointe"(???)) sur l'outil de RTE en copie d'écran.
La différence est énorme : il y a 6 GW de flammes qui n'apparaissent pas sur ces pages de RTE : entre 18 GW à 11,6 GW, il y a une sacrée différence. Il faudra donc se méfier de cet outil qui donne une image incomplète de la combustion en France.
L'hydraulique passe de 12 à 14 GW : je suppose que ça correspond aux petites turbines au fils de l'eau.
La part du nucléaire est ne change pas, sans doute parce qu'il est centralisé donc facile à comptabiliser précisément.
Comme je l'imaginais, les autres renouvelables ont une part anecdotique (3 %).
On arrive bien aux 9 GW qui manquent (et pas 19 GW comme j'ai écris, désolé).
Les captures d'écran que vous montrez sont celles du service de transparence de RTE, c'est différent d'eco2mix. Pour la prod, le perimètre n'est pas le même, à part l'éolien, il manque la plupart de la cogénération et peut-être d'autres trucs. Il y aurait 3GW de cogénération permanente en hiver. L'autre hypothèse c'est que ces graphes ne s'appliquent pas au bon jour. Sur le site, la date est indiquée dans une barre au-dessus; cette barre n'est pas présente sur les screenshots: c'est ballot.
Pour info, les infos d'eco2mix sont généralement fiables à 1-2GW près pour la production globale et la consommation. C'est le cas y compris le 8 février 2012.
@Proteos : Ce que je voulais mettre en avant, c'est que la vision d'un nucléaire totalement inflexible, produisant exactement autant en hiver qu'en été, et donc absolument incapable de s'adapter aux fluctuations saisonnales du chauffage électrique est fausse.
Il reste que c'est un moyen de production par des unité massives centralisés, là où les fluctuations des besoins de chauffage sont souvent imprévisibles, et qui a donc des difficultés à gérer les situations exceptionnelles telles que le 8 février 2012, et dans un autre genre la situation actuelle où la consommation est nettement supérieure à la norme pour un mois de mai.
Mais quel moyen s'en sort vraiment beaucoup mieux ? Par nature une situation exceptionnelle c'est difficile, et il ne serait pas rentable économiquement de dimensionner tout le système pour qu'elle soit géré très facilement, puisque les moyens seraient inutilisé la majorité du temps. Et les Allemands avec le gaz ont eux aussi connus des problèmes en février 2012, jusqu'à être proches de la pénurie, devant arrêter une centrale gaz pour redémarrer une unité charbon ancienne, couteuse et polluante, leur un peu plus de 50GW d'énergies renouvelables à l'époque ayant eu la mauvaise idée de ne quasiment rien produire (cf Bilan REX RTE plus haut).
Le fait est que la sensibilité thermique du gaz est encore plus forte que celle de l'électricité, avec une pointe de consommation gaz en France la veille de celle électrique qui lui était supérieure de 56% en GWh. Et qu'une part importante de la sensibilité thermique électrique est lié à l'utilisation de radiant dans des logements mal isolés, par des gens qui se chauffent normalement avec des combustibles fossiles, et sont trop pauvres pour investir dans l'isolation, mais aussi aux effets indirects du froid sur la consommation électrique et de chauffage, qui pourrait en représenter de 5 à 10%.
Quand au chauffage au bois en complément de l'électrique, certes dans un logement récent ça n'a pas de sens probablement (encore qu'ils sont légalement obligé de rester compatible avec une autre option que l'électrique, il me semble), mais dans l'ancien ça se rencontre, particulièrement avec l'option d'abonnement EDF qui implémente déjà ce à quoi pourrait ressembler un smart grid incitant à moins consommer les jours de grand froid (et qu'EDF s'efforce par tous les moyens de ne pas fournir). Ca se fait bien sûr avec un insert pour la pièce principale, pas une installation dans toutes les pièces. Au passage on remarquera qu'un smart grid, dans le monde réel c'est beaucoup moins sympa et beaucoup plus contraignant que sur les brochures publicitaires. Et évidemment ce genre d'option vu ses risques et sa pollution ce n'est pas l'idéal, mais c'est plus raisonnable quand ce n'est que quelques jours par an.
Sinon merci pour le commentaire sur le 8 février, car je rappelle m'être posé la même question que simple-touriste quand j'avais regardé. Même si en regardant bien, le site de RTE documente que les opérateurs participant à la statistiques en question ne sont que 90% du parc. Et même pour eco2mix, il me semble qu'il doit manquer pas mal du petit hydro, puisque l’hydraulique n'y apparait jamais au delà de 14GW, alors que l'ENTSO-E nous indique que nous avons 25,4 GW de capacité au total. En fait le chiffre hydro de eco2mix, cela semble tout à fait correspondre à la capacité de 15,7 GW pour les unités supérieures à 100MW indiquée par l'ENTSO-E.
Je trouve ce genre d'argument libéral vraiment très énervant. Il faut des hypothèses de rationalité des différents acteurs, et aussi des hypothèses sur la disponibilité d'informations précises et fiables (et reconnues comme fiables par les acteurs) sur les qualités des produits, qui sont des hypothèses vraiment très fortes.
La vie est remplie d'exemple évidents d'acteurs qui font des choix manifestement sous-optimaux. Il y a plein de "yaka" valides, applicables. Beaucoup de gens ne font pas des choix rationnels.
Le "marketing" engendre plein de produits de qualité médiocre qui pourraient être nettement meilleurs, pour un surcoût très raisonnable (je ne dis pas que c'est le cas de la plupart des produits, encore moins que c'est de l'obsolescence programmée!). "Si x a rencontré un certain succès" n'est simplement pas un argument!
Dans le domaine de la construction, c'est patent : on fabrique des habitations vraiment m. pour économiser quelques sous. Jamais je n'accepterai ça si je me faisais bâtir une maison! (Pas parce que je suis fortuné, mais parce que j'aurais une vision globale des coûts et des caractéristiques.)
Mais dans un domaine où les ingénieurs décident des achats, ou les qualités des produits sont disponibles, etc. là on peut appliquer ce genre d'argument libéral.
L'argument libéral est valable dans certains cas où l'information assez précise est très largement disponible, mais à mon avis pas dans ce cas du logement. Mais alors, pas du tout.
poser un chauffage de puissance donnée à faible coût.
Celui qui est "smart" dans le "smart grid", c'est le gugus qui a eu l'idée de labelliser "smart" le truc qui met le consommateur au service de la régulation du réseau.
D'après Wikipédia : smart grid
{{Le smart grid est une des dénominations d'un réseau de distribution d'électricité « intelligent » qui utilise des technologies informatiques de manière à optimiser la production, la distribution, la consommation et qui a pour objectif d’optimiser l’ensemble des mailles du réseau d'électricité qui va de de tous les producteurs à tous les consommateurs1 afin d’améliorer l'efficacité énergétique de l'ensemble.
L'apport des technologies informatiques devrait permettre d'économiser l'énergie en lissant les pointes de consommation et en diminuant les capacités de production en pointe qui sont les plus coûteuses et les plus polluantes, de sécuriser le réseau et d'en réduire le coût.
C'est aussi une réponse (partielle) à la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre le dérèglement climatique.
C'est (lorsqu'il est associé à un système distribué constitué de très nombreuses micro-centrales) l'un des 5 piliers de la « Troisième révolution industrielle » proposée et promue, notamment par Jeremy Rifkin.}}
C'est magnifique, même si ça part dans tous les sens, que ça n'explique rien, et qu'au final ça ne veut rien dire.
Il y a même Jeremy Rifkin. C'est complet.
Je viens de découvrir que l'option que j'évoquais est de nouveau beaucoup plus facile à obtenir chez EDF : Ouverture d'un compte Tarif Bleu (option Tempo à droite) (il vaut quand même mieux réaliser dans quoi on s'engage).
Et sinon, Rifkin ... l'opportuniste absolu qui longtemps avant qu'il ne lui vienne l'idée de se recycler dans le secteur en poupe de l'énergie était d'abord d'abord un adversaire résolu des biotechnologies, contre les cellules souches, contre les vaccins générés par génie génétique, avec des livres qui gagnaient les qualificatifs flatteurs de "logical garbage", "shameless potpourri of misinformation and faulty logic", ou de "cleverly constructed tract of anti-intellectual propaganda masquerading as scholarship . . . I don't think I have ever read a shoddier work.".