L'UMP dispose d'énormes avantages pour perdre les prochaines élections présidentielles. Elle est au pouvoir depuis 10 ans, la France vient de traverser la pire crise économique depuis la seconde guerre mondiale, sa figure de proue, Nicolas Sarkozy, se fait remarquer par son impopularité, ses caciques trouvent de bonnes idées de débats, à mille lieues des préoccupations de l'homme de la rue ou font des déclarations qui leur aliènent peu à peu l'électorat acquis du centre droit. Largement distancé par l'UMP dans la course à la défaite aux présidentielles de 2012, le parti socialiste se devait de réagir.
Quoi de mieux que ce classique socialiste qu'est le programme? L'UMP est bien en mal d'écrire un programme formel. Certes, elle dit organiser divers colloques dont c'est le but mais, lorsque le scrutin se fera proche, tout le monde y sait bien que c'est la personne du chef qui sera mise en avant et qui décidera ce qu'on dira. Le parti socialiste, lui, prétend se refuser aux dérives personnelles et se veut ontologiquement plus collectif. Le programme y occupe ainsi une place traditionnelle dans la défaite, du Programme Commun aux 100 propositions de Ségolène Royal. Certes, les gens vivant de plus en plus longtemps, ils se souviennent des stratagèmes utilisés lors des élections antérieures pour perdre, mais le programme conserve une certaine efficacité. Commençons par la plus évidente: n'ayant pas encore choisi de candidat, le programme est censé leur convenir à tous, mais tout le monde sait bien que c'est faux. En prenant les gens pour des idiots, on lance classiquement mais efficacement la machine. Une conséquence immédiate est que le candidat choisi reniera certaines des promesses du programme avant même que d'arriver en vue de l'élection, un atout indéniable.
Sans plus attendre, étudions la dernière livraison.
1. Pour muscler la compétitivité de la France, nous créerons une Banque publique d’investissement, qui investira dans la recherche et l’innovation, soutiendra les PME-PMI, prendra des participations dans les activités stratégiques et les filières industrielles d’avenir, et dont les moyens seront mobilisés sous la forme de fonds régionaux en copilotage avec les régions et leurs élus.
On commence mollement. Le PS se propose dans le plus grand classicisme de gaspiller de l'argent en prétendant changer l'orientation d'institutions financières existant déjà et reconnaître les secteurs d'avenir. De façon plus nouvelle, le PS propose de faire en sorte que ces subsides soient accordés par le cacique local, pour qu'on puisse bien soupçonner que le favoritisme joue un grand rôle dans la distribution. Il y a toutefois plus novateur: le programme veut muscler la compétitivité de la France, ce qui impliquera parfois de restructurer les entreprises qu'on rachète et donc de procéder à des licenciements, surtout quand il s'agira de canards boîteux, alors même que les salariés n'attendent en fait qu'une chose de ce rachat par l'état: la sécurité de l'emploi.
À défaut de faire perdre, cette initiative peut permettre de quitter le pouvoir aussi vite que possible, en exposant au grand jour les échecs qu'une telle politique ne manquera pas d'engendrer.
2 .Pour relancer l’investissement, nous baisserons l’impôt sur les sociétés de 33 % à 20 % pour les entreprises qui réinvestissent intégralement leurs bénéfices et, pour compenser les pertes de recettes pour l’État, nous l’augmenterons jusqu’à 40 % pour celles qui privilégient les dividendes des actionnaires.
Une mesure promise à un grand succès. On remarque d'abord que le PS ne pense pas qu'elle soit si incitative que cela puisque l'augmentation et la réduction d'impôt ne sont pas symétriques. Cependant, on peut déjà voir qu'une telle mesure ne peut qu'être exploitée dans des buts qui n'ont rien à voir avec le but initial. Le premier réflexe peut être de bêtement délocaliser les bénéfices ailleurs, ou bien encore le domicile fiscal de la société. Mais cela n'est pas le plus probable. Par contre, la théorie financière classique affirme que les rachats d'actions sont relativement équivalents aux dividendes, au sens qu'en dépensant de l'argent pour racheter ses propres actions, une société augmente la valeur de celles qui restent sur le marché, chacune emportant alors une part plus importante des profits. Il est sans doute possible de faire passer de tels rachats, via un montage astucieux, pour des investissements. À défaut, il y a un autre écueil qui se présente: ce type de disposition favorise les dirigeants de l'entreprise par rapport aux actionnaires. Les dirigeants sont incités à se construire des empires personnels. Non seulement faire grossir leur entreprise par des rachats extérieurs ou des diversifications leur permet d'augmenter leur salaire, mais le taux d'imposition des bénéfices diminue aussi, ce qui permet de diminuer les éventuelles contestations des actionnaires.
C'est ainsi que le PS peut ici réaliser un excellent accord. Non seulement il va mécontenter les électeurs de droite, attachés, on s'en doute, à la liberté de faire ce qu'on veut et à leurs dividendes, mais aussi leur propre électorat qui verra s'accroître les rémunérations des dirigeants ainsi que les échecs des aventures industrielles se soldant bien souvent par des licenciements. Notons que cet accord se produit dès la deuxième proposition.
3. Pour que l’Europe puisse innover, nous proposerons à nos partenaires d’émettre des emprunts européens (eurobonds) afin de financer les investissements du futur (réseaux de transport d’énergie, réseaux numériques, biotechnologies...) et les champions industriels de demain.
C'est ici un grand classique: la promesse qu'on ne tiendra pas, simplement parce que sa réalisation repose sur d'autres que soi et dont on subodore l'opposition à de telles mesures. L'électeur ne peut que flairer l'irréalisme des ces propositions et se dire que, décidément, on se moque de lui. On peut ajouter là quelques remarques supplémentaires sur les secteurs d'investissement envisagés. Tout d'abord les biotechnologies: on connaît le grand succès des OGMs en France, auquel le PS est opposé. On se propose donc sans doute d'investir dans ces technologies dont on a tenté d'empêcher l'application. Ensuite les réseaux numériques dont il se trouve que les investissements sont en grande partie supportés par des intervenants privés, il ne semble donc pas qu'il y ait besoin d'un soutien public. Quant aux réseaux électriques, on sait la joie des riverains à accueillir ces si jolis pylônes habituellement financés par leur facture électrique. Pour finir, on peut constater que la France est plutôt bien équipée en infrastructures et que, ayant une vocation européenne, il y a donc peu de chances que ces investissements soit principalement effectués en France.
Cette promesse allie donc une non réalisation quasi-certaine à une certaine inutilité, ce qui n'est pas mal. À noter que la droite avait fait mieux avec la TVA réduite dans la restauration, où non seulement la réalisation paraissait fort incertaine, mais on savait aussi que sa réalisation poserait des problèmes aux finances publiques pour un résultat sans doute médiocre.
4. Pour l’emploi des jeunes, nous créerons 300 000 « emplois d’avenir » dans les domaines de l’innovation environnementale et sociale.
Quoi de mieux que de ressusciter une mesure qui a déjà mené à la défaite? Celle-ci commence à être assez ancienne mais chacun peut encore se souvenir ce qu'il est advenu des bénéficiaires de la mesure, ce qui un avantage indéniable: on bénéficie de gens qui font campagne contre soi sans trop forcer.
5. Pour protéger les salariés, nous dissuaderons les licenciements boursiers par des pénalités financières pour les entreprises qui en même temps versent des dividendes à leurs actionnaires.
Autre proposition à succès: promettre de vainement protéger ceux qui bénéficient déjà d'avantages tout les empêchant d'en profiter. En effet, les seules entreprises qui pratiquent les soi-disant licenciements boursier sont les entreprises cotées qui sont en bonne santé financière. Ce sont donc de grandes entreprises, souvent industrielles, où les salaires sont ainsi supérieurs à la moyenne, où les syndicats sont plus implantés qu'ailleurs et où par voie de conséquence, les plans de licenciements sont plus généreux qu'ailleurs. Notons qu'attendre d'être en mauvaise santé financière ne permet plus autant de largesses... Mais le point véritablement important, c'est que ces licenciements sont certainement très minoritaires parmi les licenciements économiques et que rien d'autre n'est proposé aux chômeurs ou même seulement aux licenciés économiques.
C'est donc une promesse brillante, puisqu'avec un peu de chance, elle démontrera l'impotence voire la duplicité de celui qui l'a formulée, tout en faisant penser au plus grand nombre, qui ne peut de toute façon en profiter, qu'on ne se préoccupe pas de ses problèmes mais de ceux qui ont déjà certains avantages. Le message est aussi clair, au cas où ces grands groupes auraient l'intention, par extraordinaire, d'embaucher en France: surtout ne faites pas ça!
6. Pour protéger les intérêts de l’Europe, de ses savoir-faire et de ses salariés dans la mondialisation, pour mieux réguler le commerce, nous agirons pour augmenter les droits de douane sur les produits provenant de pays ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire ou environnementale.
Dans la même veine que la proposition 3, on nous propose une mesure qui n'a aucune chance d'aboutir. On y ajoute le parfum habituel du protectionnisme, ce qui permet de faire de la publicité aux extrémistes et passer pour impuissants. Une nouvelle fois le message est clair: nous sommes envahis par des produits estrangers, faits dans des conditions dignes de Zola. Pour leur peine, ces pauvres devront le rester, puisqu'on ne leur achètera rien.
7. Pour réduire l’endettement de la France, nous affecterons à la réduction de la dette la moitié des marges financières que nous dégagerons.
Excellente proposition: on est bien en peine de trouver dans ce projet une hausse nette des impôts ou une baisse nette des dépenses, au contraire, dès la proposition 2. tout indique que les recettes seront moindres. On se demande donc quelles sont ces marges financières. C'est tout l'intérêt de cette promesse dont les tenants passent pour de sympathiques comiques. Ce serait pourtant une bonne chose que de savoir comment le PS compte réduire le déficit public, en ce moment à des niveaux records.
8. Pour encourager les comportements écologiques, nous rendrons la TVA « éco-modulable » (diminuée sur les produits non-polluants et augmentée sur les produits polluants).
Le PS évite bien de dire ce que sont ces comportements écologiques. On peut penser que c'est là l'idée: la TVA est un impôt notoirement idiosyncrasique: les délimitations entre le taux réduit et le taux plein sont souvent arbitraires. On subodore donc qu'il en sera de même ici, le PS promettant d'augmenter ou baisser les impôts à la tête du client, toujours une idée populaire. Cela rappelle aussi le bonus-malus automobile qui devait s'autofinancer pour finalement coûter relativement cher à l'état. Autant pour les «marges financières».
9. Pour que notre alimentation soit plus saine et pour que les agriculteurs vivent de leur travail, nous orienterons les achats alimentaires des collectivités locales vers l’agriculture et la pêche de proximité (lait et laitages, viandes, fruits et légumes).
Pour augmenter la qualité des produits, il faut donc devenir captif d'un fournisseur, c'est bien connu. De même, on paiera mieux les agriculteurs mais on se doute que la cantine ne coûtera pas plus cher!
10. Pour sortir de la dépendance du nucléaire et du pétrole, nous développerons massivement les économies d’énergie et les énergies renouvelables et nous proposerons à nos partenaires la mise en place d’une Communauté européenne des énergies.
Pour échapper à nos dépendances, nous allons donc vivre sans électricité. Les énergies renouvelables n'ont aucune crédibilité pour produire l'électricité dont nous avons besoin au moment où nous en avons besoin. De plus, les fameuses énergies renouvelables développées actuellement, l'éolien et le solaire, ont besoin d'énergies d'appoint, en l'occurrence des combustibles fossiles. On voit donc mal en quoi la dépendance serait réduite. Proposer de vivre moins bien et pour plus cher qu'avec une technologie ayant fait ses preuves, y compris pendant les accidents, voilà une proposition pour gagner!
11. Pour alléger la facture énergétique des Français, nous réinvestirons une partie des superprofits des groupes pétroliers dans des aides à l’isolation, le développement des énergies renouvelables et la mise en place de tarifs sociaux pour le gaz et l’électricité.
Juste après avoir proposé de faire monter en flèche le coût de l'électricité, le PS propose de faire baisser la facture énergétique des Français. Se contredire en 2 propositions consécutives, c'est un moyen efficace de montrer qu'on est incompétent et qu'on dit n'importe quoi. On peut donc en rajouter. On va taxer les profits des groupes pétroliers qui n'en font plus en France, puisque leurs profits sont concentrés dans l'extraction du pétrole. On propose des tarifs sociaux qui existent déjà. Tout cela ruine la crédibilité et augmente la probabilité de la défaite.
12. Pour stopper l’envolée des loyers, nous plafonnerons leur montant lors de la première location ou à la relocation, notamment dans les zones de spéculation immobilière.
Enfin une mesure dont on est sûr qu'elle sera contreproductive. Cela a déjà été évoqué ailleurs, mais on peut encore en dire un mot. Pour augmenter l'offre les élus locaux et notamment les maires jouent un rôle crucial puisqu'ils élaborent les PLU et accordent les permis de construire. Il s'avère que les mairies des grandes villes sont plutôt dirigées par des maires socialistes. On se demande ce qu'ils attendent pour faire augmenter l'offre. On voit là que le but de cette proposition revient aussi à souligner l'inefficacité actuelle des élus socialistes. Non seulement, on s'arrange pour ne pas gagner les prochaines élections, mais on instille le doute quant aux élus actuels pour perdre les postes occupés aujourd'hui: un coup de maître.
13. Pour aider les jeunes adultes à se loger et à se soigner afin qu’ils réussissent leurs études, nous créerons une allocation d’étude sous condition de ressources.
Jadis, ces subsides furent connus sous le nom de bourses.
14. Pour que l’égalité salariale femme-homme devienne une réalité, nous en ferons une condition pour conserver des exonérations de cotisations patronales.
Histoire de bien faire fuir les électeurs, on propose de conditionner le moyen principal de lutte contre le chômage des non-qualifiés à une quête en cours depuis fort longtemps maintenant et que maintes obligations n'ont jamais réussi à réaliser. On fait ainsi d'une pierre deux coups: on ruine l'existant pour échouer dans le futur. Brillant.
15. Pour une plus juste répartition des richesses au bénéfice des salariés, nous organiserons une conférence salariale annuelle tripartite et engagerons un rattrapage du smic. Nous limiterons les rémunérations abusives : rémunérations variables n’excédant pas la part fixe, écarts de rémunérations de 1 à 20 maximum dans les entreprises à participation publique, présence des salariés dans les conseils d’administration ou de surveillance et les comités des rémunérations.
Dans la continuité de la proposition précédente, on propose de faire grimper le coût du travail. En 2007, Ségolène Royal avait dit qu'elle ne croyait pas (vers 6:20) à l'augmentation du SMIC. C'est dire si c'est crédible en 2012... Mais tout cela est fort classique, la véritable pépite, c'est le plafonnement des salaires, mais uniquement dans les entreprises où l'état détient une participation. Là est le premier problème: les fameuses rémunérations abusives existeront toujours. On perçoit aussi qu'il sera plus facile de parachuter d'anciens de cabinets ministériels, puisque les dirigeants voudront parfois être payés comme leurs congénères quittant alors l'entreprise publique qu'ils dirigent. Pour ce qui est des autres difficultés, il faut se tourner vers un cas pratique: la société Renault. Renault ayant des usines en Roumanie, il faut se poser la question de la rémunération de base servant à calculer le maximum. Les salaires étant notoirement plus bas en Roumanie, prendre le salaire minimum payé en Roumanie diminuerait énormément la rémunération de son dirigeant et de nombreux cadres, qui serait peut-être condamnés à ne gagner que 5 fois le SMIC au maximum, ce qui constituerait un handicap certain sur le marché de l'emploi des cadres. Mais il y a mieux: Renault est détenu à 15% par l'état et à 15% par Nissan. On voit bien que quoique dise l'état sur le salaire de Carlos Ghosn, le dirigeant de Nissan, Ghosn Carlos, pourra s'y opposer sans trop de peine.
C'est donc une mesure remarquable: on est d'ores et déjà sûr qu'elle ne résoudra rien, qu'elle favorisera les soupçons de copinage que l'implémentation sera impossible et plus généralement qu'elle se heurtera à de multiples difficultés. C'est une alliance qu'on peut rarement réaliser.
16. Pour les retraites, nous rétablirons l’âge légal à 60 ans et nous engagerons la réforme des retraites promise aux Français, fondée sur des garanties collectives, permettant des choix individuels et assurant l’avenir des régimes par un financement du premier au dernier euro. Pour organiser sa vie, chaque Français disposera d’un compte temps-formation.
Le PS promet de revenir à la retraite à 60 ans. On ne sait pas comment cela sera financé, mais d'après les positions lors de la réforme de 2009, il s'agissait d'augmenter les impôts sur ceux qui travaillent ainsi que de diminuer les retraites servies. Rappelons aussi que les salariés permettent de financer l'assurance maladie et les prestations familiales bien mieux que les retraités. Chacun comprendra ainsi qu'il s'agit d'un marché de dupes, un bon moyen de perdre.
17. Pour la réussite scolaire de chaque jeune, nous conclurons un nouveau pacte éducatif entre les professeurs et la Nation. Il mettra l’accent sur le primaire et les premiers cycles d’enseignement supérieur qui sont les fragilités les plus grandes de notre système. Il sera fondé sur une refonte des rythmes scolaires et des programmes, une personnalisation accrue des enseignements et une revalorisation du métier d’enseignant. Un droit à la formation initiale différée sera accordé à ceux qui ont quitté le système scolaire de manière précoce.
On enchaîne avec le classique cadeau aux catégories dont on est presque sûr qu'elles voteront pour le parti socialiste. Une bonne occasion de s'aliéner les autres, dont les votes sont incertains, en ces temps de disette budgétaire.
18. Pour l’épanouissement des tout-petits, l’accueil en crèche et la scolarisation à deux ans sera développé.
On peut rapprocher cette proposition de la précédente, la généralisation de la scolarisation à 2 ans créant de nombreux postes d'enseignants, pour un bénéfice qui n'est pas si clair — surtout en fonction de la date de naissance de l'enfant.
19. Pour la santé, nous remettrons l’hôpital au cœur du système, et nous demanderons aux jeunes médecins libéraux d’exercer en début de carrière dans les zones qui manquent de praticiens.
Après les ZEP, on va donc créer des Zones Médicales Prioritaires où les médecins généralistes n'auront qu'une obsession: partir. Cela améliorera sans nul doute la qualité des soins, comme le fait que les jeunes enseignants soient envoyés en ZEP sans beaucoup d'expérience améliore la qualité de l'enseignement qui y est prodigué. Le souci de l'égalité du PS s'expose clairement: ce sont les jeunes qu'on contraindra, les vieux, eux, seront protégés de toute servitude. On voit aussi qu'il s'agit de convaincre une catégorie votant généralement pour l'adversaire, les médecins, de voter pour le parti socialiste l'année prochaine.
20. Pour améliorer la prise en charge des personnes âgées dépendantes, à domicile ou en établissement nous ferons appel à la solidarité nationale.
En clair, les jeunes gens qui travaillent devront payer une nouvelle fois un peu plus pour une protection sociale des vieux. Si vous ne voulez pas mettre votre enfant en crèche ni à l'école dès 2 ans, le PS est avec vous de tout son cœur. Rappelons aussi que le PS protège sans doute les plus de 60 ans de cette taxe, étant à la retraite et considérés sans doute comme allant vers la dépendance. Il faut ici se rappeler que les moins de 65 ans ont voté majoritairement pour Ségolène Royal en 2007, il s'agit donc sans doute de les décourager pour qu'ils ne commettent pas la même erreur cette fois-ci.
21. Pour améliorer la sécurité des Français et la tranquillité publique, nous renforcerons les moyens de la police, de la gendarmerie, notamment en créant 10 000 postes de gendarmes et de policiers de proximité. Pour une justice plus efficace, nous procéderons au rattrapage des moyens. Nous fixerons l’objectif que chaque acte de délinquance trouve une réponse immédiate, juste et proportionnée.
Rappelons que le PS compte dégager des marges financières, il embauchera donc des fonctionnaires dans tous les domaines. Cette proposition se distingue aussi par sa platitude: on se demande qui pourrait se donner pour objectif des réponses lointaines, injustes ou disproportionnées. Il s'agit aussi d'un serpent de mer, qui a donc peu de chances de séduire l'électeur, déjà blasé par les promesses qui furent faites autrefois.
22. Pour davantage de justice dans les impôts, nous fusionnerons l’impôt sur le revenu et la CSG dans un impôt citoyen plus progressif et prélevé à la source.
Outre qu'on peut s'interroger sur l'existence d'impôts inciviques, on peut qu'être attiré par cette proposition qui simplifierait sans doute le système actuel. Le côté lapidaire du programme ne permet pas de connaître les modalités, mais l'électeur est alléché. On n'est pas à l'abri d'un accident qui glisserait une proposition intéressante au milieu de cette machine destinée à faire perdre. Il s'agissait de corriger cette mauvaise impression au plus vite. Jérôme Cahuzac s'en est chargé: la fusion n'aura lieu qu'après nettoyage des niches fiscales, c'est-à-dire jamais. Pour mesurer la motivation probable du PS à éliminer les niches fiscales, il suffit de noter que 2 au moins sont proposées dans ce projet!
23. Pour revaloriser le travail, nous ferons en sorte que les revenus du capital ainsi que les bonus et stock-options soient soumis au même taux d’impôt que les revenus du travail, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Souhaitons bonne chance aux socialistes: les revenus du travail sont presque en permanence taxés à 50% et plus par les impôts directs, en tout cas pour les personnes visées. L'impôt sur les sociétés est au maximum d'un tiers, le risque d'arbitrage est donc très clair.
24. Pour limiter la spéculation et financer la réduction des déficits publics, nous instaurerons au niveau européen une taxe de 0,05 % sur les transactions financières.
En 30 propositions, il y a donc 3 propositions impossibles car elles ne dépendent pas du PS, mais de nos partenaires. Dans le cas présent, l'unanimité est requise, ce qui règle la question, certains états sont opposés à toute taxation européenne.
25. Pour lutter contre les discriminations, nous généraliserons les CV anonymes, sans nom ni photo et nous expérimenterons un système d’attestations remises par les policiers lors des contrôles d’identité.
Imaginons la joie de celui qui se fait contrôler 20 fois dans la journée. Au lieu de montrer 20 fois ses papiers, il les montrera une fois puis 19 fois l'attestation, c'est-à-dire un autre papier. Le progrès, sans doute.
Il faut évidemment généraliser les CVs anonymes qui sont apparemment défavorables à ceux qu'on entend aider.
26. Pour assurer l’égalité des genres et des familles, nous ouvrirons le droit au mariage et à l’adoption pour tous les couples. Pour permettre l’accès de tous à la vie de la cité, nous garantirons l’existence d’un volet handicap dans chaque loi et nous élèverons progressivement l’allocation adulte handicapé et le complément de ressources à 100% du SMIC.
On se demande comment les marges financières vont être trouvées. De plus, toutes les lois auront un volet handicap, même celles qui n'ont aucun rapport avec ce sujet, un bon moyen de se ne pas paraître sérieux.
27. Pour une politique juste et efficace en matière d’immigration, nous voterons tous les trois ans une loi d’orientation et de programmation qui sera élaborée en concertation avec les partenaires sociaux et les territoires qui assurent l’accueil et l’insertion des migrants; nous renforcerons la lutte contre les employeurs qui ont recours au travail clandestin et contre les trafiquants; nous créerons un vrai contrat d’accueil et d’intégration, fondé sur des obligations réciproques et insistant sur la maîtrise de la langue et la compréhension des droits et des devoirs républicains.
Pour mener une politique juste et efficace en matière d'immigration, nous reprendrons la politique injuste et inefficace de nos prédécesseurs. Par contre, nous voterons moins de lois!
28. Pour conforter les contre-pouvoirs, nous garantirons l’indépendance de la justice (fin des instructions individuelles, carrières des magistrats non soumises au pouvoir politique) ; nous ferons voter une loi anti-concentration dans les médias et les responsables de l’audiovisuel public ne seront plus nommés par le président de la République.
Quoique le parti socialiste fasse ses plus grands efforts pour perdre, on ne peut exclure que des mesures qui peuvent attirer les électeurs se glissent dans le programme par mégarde. C'est peut-être aussi un stratagème: si on ne met que des mesures repoussoir, les électeurs se méfieraient et pourraient ne plus tenir compte du programme. Le candidat du parti socialiste risquerait alors de gagner, un désastre.
29. Pour approfondir la démocratie, nous renforcerons le rôle du Parlement, nous introduirons une dose de proportionnelle aux élections législatives, nous accorderons le droit de vote aux étrangers aux élections locales, nous transformerons le Conseil constitutionnel en une véritable Cour constitutionnelle indépendante, nous supprimerons leur dotation publique aux partis qui ne respecteront pas l’objectif de la parité, nous lutterons contre les conflits d’intérêt et nous imposerons une limitation du cumul des mandats.
C'est ainsi que reviennent les vieux serpents de mer. Le droit de vote pour les étrangers aux élections locales devait faire partie des propositions de Mitterrand en 1981, c'est dire!
Pour encourager la démocratie locale, nous abrogerons la réforme territoriale imposée par l’UMP, nous engagerons une nouvelle étape de la décentralisation assurant l’autonomie financière et de gestion des collectivités, une péréquation bénéficiant aux territoires défavorisés et un nouveau pacte de confiance et de développement entre l’État et les collectivités.
Les collectivités auront une autonomie financière, ce qui rendra très pratique la coordination budgétaire. On peut aussi se demander quels sont les impôts qui seront fixés par les régions, et ce d'autant plus qu'il y aura une péréquation, ce qui veut dire un niveau de prélèvement fixé au niveau central et donc une autonomie très sévèrement encadrée.
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