Nicolas Sarkozy a donné au Figaro une interview où il évoque la politique qu'il a l'intention de mener si jamais il revenait au pouvoir. Ses intentions peuvent se résumer par la volonté de baisser massivement les impôts ainsi que les dépenses publiques.

Parmi les politiques prônées, figure le recul à 63 ans du départ à la retraite en trois ans après son retour au pouvoir. Malheureusement, comme le rapport de la Cour des Comptes à propos des retraites complémentaires le laisse entendre, reculer d'une seule année l'âge de départ à la retraite est déjà insuffisant. Comme je m'en étais fait l'écho, le plan de base proposé par la Cour pour redresser les comptes des régimes complémentaires passait par un recul de 2 ans de l'âge de départ, en seulement 4 ans. Ce plan comporte aussi des hausses d'impôts, le contraire de ce qu'annonce l'ancien président de la République. Le rapport contient aussi de lourdes allusions à la médiocre gestion du régime général, ses déficits récurrents et sa plus grande générosité qui rend l'équilibre financier plus difficile.

On peut alors voir l'inscription d'une limite de dépenses publique de 50% du PIB dans la Constitution pour ce qu'elle est: une tromperie. En effet, non seulement elle serait nuisible si jamais elle était appliquée, en empêchant par exemple tout plan de relance en cas de crise, mais Nicolas Sarkozy serait aussi bien incapable de la respecter car incapable de faire passer les mesures qui rendraient cet objectif atteignable. Aujourd'hui cela représente un effort à réaliser d'environ 140G€ de réduction des dépenses annuelles dont une grande partie devrait porter sur les dépenses sociales, car on imagine mal Nicolas Sarkozy organiser par exemple une baisse supplémentaire du budget de la défense à l'heure où l'armée est au maximum de ses capacités d'intervention. Mais dans le même temps, il ne sait pas présenter des mesures permettant de faire ces économies sur les dépenses sociales.

Même si cette interview semble essentiellement destinée à la consommation par les troupes de son parti, il est extrêmement déplorable que ses propositions soient déjà périmées dès leur énonciation. On peut en fait craindre une répétition de son premier mandat, où les demi-mesures sur le plan économique ont été masquées par un discours se voulant radical et par l'agitation permanente sur le thème de la sécurité. Bref, un nouveau mandat paraît d'ores et déjà se placer sous le signe de l'éternel retour.